• Ne pas y aller avec le dos de la main morte, être au bord du rouleau : 5 expressions télescopées

     

    La langue française regorge d’expressions populaires très imagées. Non seulement certaines sont construites de la même manière, ou comportent un mot en commun, mais leurs significations peuvent également être similaires.

    Voilà pourquoi notre langue peut fourcher au point de mélanger les deux expressions et en créer une troisième, qui n’a guère de sens, mais prête à sourire… et à réfléchir !

    Voyons un peu le sens des expressions originelles.

     

    • Ne pas y aller avec le dos de la main morte

    Ne pas y aller de main morte + Ne pas y aller avec le dos de la cuillère

    L’expression « Ne pas y aller de main morte » date du XVIIe siècle. À l’époque, elle signifiait « attaquer avec violence », « frapper rudement ». Pour ce faire, il valait mieux avoir une main vigoureuse ! Désormais, cette expression signifie « exagérer, y aller fort ».

    Rien d’étonnant à ce que l’on la confonde avec « Ne pas y aller avec le dos de la cuillère », qui signifie exactement la même chose : « parler, agir sans ménagement, y aller fort, exagérer ». En effet, il est difficile de manger sa soupe avec le dos de sa cuillère.

    « Le dos d’une main morte », lui, aura un effet somme toute limité…

     

    • Être au bord du rouleau

    Être au bout du rouleau + Être au bord du gouffre

    La locution familière « être au bout du rouleau » est révolutionnaire ! En effet, Le Petit Robert l’atteste en 1789, sous la forme « être au bout de son rouleau ». Reste à savoir de quel rouleau il s’agissait, probablement pas celui d’essuie-tout auquel on pense aussitôt aujourd’hui…

    Bien heureusement, la définition originale « n’avoir plus rien à dire » nous éclaire. Il était question du rouleau de parchemin. Quand on arrivait au bout du rouleau, c’est qu’on avait fini de lire, de parler. Par la suite, on a rangé des pièces de monnaie dans de petits rouleaux de papier. « Être au bout du rouleau » signifiait alors qu’on n’avait plus d’argent, de ressources pécuniaires. Désormais, l’expression fait référence aux ressources physiques et morales. « Être au bout du rouleau », c’est n’avoir plus d’énergie, être épuisé, et même à la fin de sa vie (« au bout de sa vie », comme disent les jeunes !).

    Et « Être au bord du gouffre », alors ? Dans un sens, l’expression peut rejoindre « être au bout du rouleau » car elle signifie, d’après Larousse, « être près de la ruine, de la catastrophe. » Mais l’idée de danger, de péril n’y est pas évidente.

    Difficile de savoir si le « bord du rouleau » est tout aussi dangereux, personne n’a jamais eu l’occasion de vérifier. À moins qu’il ne s’agisse d’un rouleau compresseur !

     

    • Chacun voit midi à quatorze heures

    Chacun voit midi à sa porte + Chercher midi à quatorze heures

    « Chacun voit midi à sa porte » signifie que chacun envisage les choses de son propre point de vue. Mais quelle est l’origine littérale de cette expression ? Le mot midi symboliserait « le milieu de la journée », par extension, « le cœur d’une situation », et sa porte symbolise « sa propre maison », c’est-à-dire « ses intérêts personnels ».

    « Chercher midi à quatorze heures » a un sens bien différent : « chercher des difficultés où il n’y en a pas, compliquer les choses ». Pourquoi « midi » et « quatorze heures » ? Si midi a une position très repérable sur l’horloge, difficile de justifier le choix de quatorze heures, d’autant que l’on disait « chercher midi à onze heures » précédemment ! Peu importe : on cherche une chose à un endroit où elle ne peut pas être, c’est l’idée à retenir.

    Dans les deux cas, la discussion risque de ne pas être facile. Si chacun voit midi à quatorze heures, c’est qu’il y a au moins un point d’entente…

     

    • Tu me tires une fière chandelle du pied

    Tu m’enlèves une épine du pied + Tu me dois une fière chandelle

    À l’origine de ce télescopage d’expressions : « tirer une épine du pied de quelqu’un », c’est-à-dire « le délivrer d’un sujet de contrariété, d’une difficulté » et « devoir une fière chandelle à quelqu’un », autrement dit « lui devoir une grande reconnaissance ». Pas de lien sémantique direct entre les deux expressions, mais une dimension positive, évoquant l’entraide et la gratitude dans les deux cas.

    Pour « tirer une épine du pied », le sens est évident, on devine l’agrément que l’on peut en … tirer. Mais cette « fière chandelle » que l’on « doit », quelle est-elle ? D’après Larousse, on disait que celui qui avait échappé à un grand danger qu’il devait une belle (plus tard fière) chandelle à Dieu pour dire qu’il lui devait un grand remerciement. Ainsi, les chandelles que l’on doit à quelqu’un sont les cierges qu’il faudrait allumer pour le remercier.

     

    • L’argent ne fait pas le moine

    L’argent ne fait pas le bonheur + L’habit ne fait pas le moine

    Certes, l’argent ne fait le moine, d’autant qu’un moine est censé ne pas être focalisé sur les considérations bassement financières ! Mais que veulent exprimer les personnes en flagrant délit de télescopage ? Pour tenter de le savoir, revenons aux expressions mères.

    Pour « l’argent ne fait pas le bonheur », il n’y a guère d’explication à donner.

    Quant à l’expression « l’habit ne fait pas le moine », elle serait issue soit de la locution latine barba non facit philisophum, c’est-à-dire « la barbe ne fait pas le philosophe », soit de François Grimaldi et ses compagnons d’armes qui, en 1297, se déguisèrent en moines franciscaines pour s’emparer d’une forteresse bâtie sur un rocher : la future principauté de Monaco ! Ou tout simplement, est-ce une manière ironique de considérer les moines de l’époque, dont le comportement et les mœurs semblaient, parfois, bien éloignés des préceptes qu’ils étaient censés… porter.

    Un autre télescopage pourrait être « l’habit ne fait pas le bonheur », alors que la liberté vestimentaire est au cœur de l’actualité.

     

    source : https://www.cp-formation.com/actualite/ne-y-aller-de-main-morte-etre-bord-rouleau-5-expressions-telescopees/


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  • Trouvé sur france-pittoresque.com

     

    À qui mieux mieux

    Cette locution adverbiale s’expliquant d’elle-même, on peut traiter ici la question grammaticale

    Il est à remarquer que les phrases dont le verbe est suivi de à qui sont elliptiques. Ici, il y a une ellipse des mots : afin de faire ou de savoir à qui et de plus la répétition de mieux représentant le superlatif de l’adverbe, autrement dit de plus fort en plus fort. Autrefois avec qui... qui mis pour les uns, les autres et, après un simple qui employé comme complément d’un verbe et signifiant compétition, on redoublait les adverbes plus et mieux, comme le prouvent des exemples tirés des XIIIe, XIVe et XVe siècles : « Nos gens se laisseront cheoir de la grant (grande) nef en la barge (barque) de cantiers. » (Joinville)

    On trouve dans la pièce du Miroir d’E. Deschamps (1325-1421) ces deux vers :

    Mais au fort chascun s’assembla :
    Qui mieux mieux à la chace (chasse) alla.

    Citons encore un dernier exemple de 1741 qui nous a été transmis par Ghérardi :

    Pour pleurer dignement ce buveur merveilleux,
    Mes amis, coulez-vous m’en croire ?
    Buvons, buvons, à qui mieux mieux !

     

     


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  • Sommelier ajoutant de l’eau au vin. Chromolithographie publicitaire de 1879Mettre de l’eau dans son vin

    Revenir d’un emportement passager et rentrer dans la modération

     

    Les philosophes et les historiens grecs ont tous donné leur éloge au vin mélangé avec de l’eau, probablement parce qu’ils avaient reconnu les fautes et quelquefois même les crimes qu’engendre l’ivresse. Il est donc impossible de ne pas approuver leur opinion et de ne pas applaudir à Ia sagesse de ces peuples antiques qui érigèrent des statues à ceux qui leur apprirent à se modérer dans l’usage du vin.

    Ils en attribuaient l’idée à Bacchus lui- même, quoiqu’il fut le dieu du vin. Ainsi, Pythagore, philosophe grec, cite, dans son ouvrage des Apothéoses, Achéloüs comme le véritable inventeur de la sobriété et commence en ces termes : « Crotoniates, gardez la mémoire d’Acheloüs, magistrat suprême de l’Etolie, contrée de la Grèce centrale, qui le premier mit de l’eau dans son vin. »

     

    Voici une autre explication assez plaisante de cette locution proverbiale : « Deux personnes disputaient un jour fort chaudement sur un vers où l’on parle d’un vin réputé fameux chez les Romains, vers qui peut se traduire ainsi : Ils buvaient le Falerne et les larmes du monde. L’une d’elles soutenait que ce vers était fort beau et à chaque explication qu’elle en donnait, l’autre ne répondait que par ces mots : Qu’est-ce que cela prouve ? Le poète Lemière, témoin de la dispute, coupa court à l’entretien en disant : Cela prouve, sans aucun doute, que les Romains mettaient de Veau dans leur vin. »

    Ouvrons Montaigne (XVIe siècle) et nous lirons dans ses Essais (livre III, chapitre 13) : « Cranaüs, roy des Athéniens, fut inventeur de cet usage de tremper le vin, utilement ou non, j’en ai vu desbattre. »

    Mettre de l’eau dans son vin signifie donc, dans le sens propre, prévenir par le mélange des deux liquides les effets funestes du vin pur et, dans le sens figuré, calmer un emportement gros de menaces ou bien encore réduire les projets ambitieux à une mesure sage et dont l’exécution soit possible.

    En résumé, on peut dire que l’homme sage met de l’eau dans son vin pour éviter l’ivresse, tandis que l’homme intempérant noie sa raison dans le vin pur. On compare à ce dernier les gens qui parlent bien haut, quand ils se croient auprès des autres les plus importants et les plus forts, mais qui se hâtent de baisser le ton quand ils rencontrent une supériorité devant laquelle ils doivent jouer un rôle plus modeste.

    Ce proverbe peut encore s’appliquer à ces personnes qui abandonnent leur esprit à la conception de vastes projets et qui, en présence des difficultés que doit entraîner leur réalisation, reviennent bientôt de leurs résolutions pour en adopter d’autres dont l’exécution soit plus simple et plus facile.

     

    source :  Mettre de l'eau dans son vin. Origine, signification proverbe, expression populaire. Dictionnaire locutions (france-pittoresque.com)

     


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     Pourquoi dit-on « que dalle » pour signifier « rien » ?  

    Il existe deux explications sur l’origine de l’expression « que dalle » pour désigner l’absence de quelque chose.

    Elle serait d’abord une référence à une ancienne pièce de monnaie en argent du Saint-Empire romain germanique, le « thaler » ou « daalder » dans la langue flamande.

     Apparue au 15ème siècle cette monnaie issue de la puissance de l’empire germanique circula en Europe pendant 400 ans. A l’image du dollar elle était la monnaie des échanges commerciaux internationaux.

    Mais au 19ème siècle elle perdit toute sa valeur en grande partie en raison de la naissance du mark allemand. On se mit alors à dire que l’on avait « que dalle » pour signifier une monnaie sans valeur, c’est-à-dire « rien du tout ».

     Selon la deuxième explication, « dalle » viendrait du mot « dail » issu d’une langue tsigane, le romani, et qui a pour sens « rien du tout ». Ou encore de l’occitan qui veut dire « que de l’aile à manger », c’est-à-dire presque rien.

    source : http://yvonne92110.centerblog.net/rub-expressions-populaires-.html


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