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Par Partages le 8 Août 2017 à 20:16
Connaissiez-vous l'origine de l'expression
"Comment allez-vous ?" ?
L'expression remonte à l'Antiquité romaine. L'usage voulait que l'on s'enquière de la santé d'une connaissance lorsqu'on la rencontrait en lui disant : "Quomodo vales ?", "Comment vas-tu ?".
"Vales", du verbe "valere", signifiait "être bien portant".
Or, ce que l'on entendait à l'époque par "être bien portant", concernait la régularité avec laquelle on allait à la selle ainsi que la consistance et la couleur des fèces qui étaient les indicateurs d'une bonne ou d'une mauvaise santé.
Cette phrase sous-entendait donc : "Comment allez-vous à la selle ?".
L'expression conserva tout son sens lorsqu'elle fut reprise en français, mais la fin de la phrase s'est perdue. On sait que dès l’antiquité d’extraordinaires qualités thérapeutiques sont attribuées à l’urine.Au Moyen-Âge, les médecins sont tout aussi attentifs au dégagement du ventre qu'aux urines et pratiquent les lavements à l'aide d'un clystère ; une abondante littérature en témoigne.
Au XIIIe siècle, le mot "selle", du latin "sella" désignait un siège, plus précisément
le "siège des artisans qui travaillent assis" ou le "siège des professeurs", mais également, la selle du cavalier. À," la fin du XIVe " la selle(au singulier) désigne les excréments.
Plus tard, au XVe siècle, le mot devint synonyme de "chaise percée", siège sous lequel un pot était placé et que l'on appellera successivement "selle aisée", "selle nécessaire" puis "selle percée". La "garde-robe" désignait une pièce où se trouvait la chaise percée : "aller à garde-robe" se disait pour "aller à selles".
Henri IV utilisait le terme de "chaise d'affaires". On prêtait de l'importance à connaître l'état des selles, les médecins croyant que les humeurs trahissaient l'état intérieur. Les selles étaient mirées quotidiennement par le médecin royal, qui examinait, sentait et goûtait éventuellement le contenu des chaises d'affaires, déclarant souvent qu'un "dérèglement de boyaux" pouvait être fatal.
Louis XIV déjeunait, dînait et soupait souvent en public.
Moyennant 60 000 écus voire 100 000 écus, un gentilhomme pouvait obtenir un "brevet d'affaires". Ce brevet octroyait à leurs détenteurs le privilège de rencontrer le roi Louis XIV sur sa chaise percée, occupé à se soulager. Le roi se mettait en cette situation plus par cérémonie que par nécessité.
Un porte-chaise d'affaires pouvait acquérir sa charge au prix de 20 000 livres ; celle-ci était reprise à sa mort par son fils. Son rôle consistait à dissimuler les selles royales.
La matinée du roi commençait ainsi :
8h30 : Petite Entrée du médecin et du chirurgien ordinaire, de l’intendant et du contrôleur de l’argenterie, du premier valet de la garde-robe, puis "entrée d'affaires" des gentilshommes titulaires du "brevet d’affaires". Le roi s'installait sur sa "chaise d'affaire", le barbier achevait de le peigner et de lui ajuster sa perruque.
(Sous Louis XV, les mœurs changèrent et le roi s'enfermait dans son "cabinet d'affaires".)
Pas moins de deux cents chaises d'affaires étaient réparties dans le château de Versailles.
Au XVIIe siècle, les rares cabinets de toilettes publiques (Louvre, Versailles, etc.) étaient très encombrés ; les besoins se faisaient en commun, les discussions et confidences allant bon train, rythmées par les allées et venues. Mais tout le monde n'adoptait pas cette attitude publique.
Pour autant, et contrairement à ce qui est souvent rapporté, on ne se soulageait pas systématiquement sous un escalier ou dans un endroit plus ou moins discret. Des porteurs mettaient à disposition des seaux pour assurer quelque commodité, moyennant une petite rétribution.Plus récemment, chez les militaires (principalement dans la légion), lorsqu'ils étaient en campagne ou à l’époque coloniale, les maladies tropicales et la dysentrie étaient très redoutées car elles étaient souvent mortelles. Ainsi, la question "Comment vas-tu ?" était devenue, par convention, "les urines sont-elles claires ?" ou encore "les selles sont-elles bonnes ?".
N.B. Dans l'Antiquité, on aurait utilisé la chaise percée dans le déroulement de l'accouchement, notamment lors de la délivrance, pour faciliter l'expulsion du placenta sous l'effet de la pesanteur. Cette chaise était en usage au XVIe siècle.
source : http://chercheursdeverites.e-monsite.com/blog/des-racines-et-des-lettres/comment-allez-vous.html
source: http://chercheursdeverites.e-monsite.com/blog/expressions/
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Par Partages le 7 Juin 2017 à 07:41
"Être au bout du rouleau", "À tour de rôle"
Connaissiez-vous l'origine des expressions "Être au bout du rouleau" et "À tour de rôle" ?
Nous utilisons généralement cette expression pour signifier que nous sommes à bout de forces physiques ou mentales.
Les mots "rouleau" et "rôle" sont issus du latin "rotulus" (venant lui-même de "rota", "roue") lequel désignait un objet cylindrique autour duquel on enroulait un papyrus ou un parchemin. Le parchemin fut l'unique support pour l'écriture utilisé durant le Moyen Âge, jusqu'à ce que le papier fasse son apparition.
Le coût de fabrication du parchemin étant relativement onéreux, dès l'arrivée du papier, on finit par ne l'utiliser que très rarement.
Documents, manuscrits et chartes étaient constitués de feuilles collées les unes au bout des autres et rédigées uniquement sur le recto ; elles étaient ensuite roulées autour d'un cylindre puis enveloppées d'un parchemin afin de les protéger et de les conserver.
Ainsi, vers la fin du XIIe siècle le "rouleau" ou "rôle" désignait tout document enroulé sur ce type de support. Ainsi, lorsque l'on avait terminé la lecture d'un document, on était "Au bout du rouleau".
Aux XIVe et XVe siècles, on disait "Être au bout de son rollet". À cette époque, le texte des acteurs de théatre était écrit sur un rôle. Lorsque celui-ci était de petite taille ou que le rôle de théâtre était peu important, on utilisait le nom de rollet. Ainsi, celui qui arrivait au bout du rollet n'avait plus rien réciter.
Le mot "rôle" demeura dans le langage courant jusqu'à la fin du XVIIe siècle, ce qui nous renvoie à l'expression "À tour de rôle".
Les rôles (ou rouleaux) de parchemin conservaient des écrits de toutes sortes : registres administratifs mais également registres maritimes ou militaires. Le militaire "s'enrôlait" dans l'Armée, le marin "s'enrôlait" dans la Marine : il s'y faisaient inscrire.
Ainsi, sur les navires, le "rôle" était ce registre d'appel contenant le nom de tous les marins marins embarqués. On appelait chacun l'un après l'autre donc "À tour de rôle" !que l'on écrivait au XVe siècle "À tour de rolle").
Mais s'il y avait des rôles, il y avait aussi des "contre-rôles" c'est-à-dire des listes falsifiées comportant des "présents" qui étaient en fait des absents (morts ou n'ayant jamais existé). Elle étaient crées par des officiers malhonnêtes dans le but de toucher la solde de ces fantômes. C'est ainsi qu'en 1292 on créa la fonction de "contreroullour" qui devint par la suite "controlleur" en 1320 et signifiant textuellement "celui qui vérifie, qui tient un registre". La fonction a perduré jusqu'à nos jours puisqu'elle porte le nom de "contrôleur".
Puis au XIXe siècle le "rouleau" a repris ses droits, matérialisé dans les banques par les rouleaux de pièces. "Être au bout de son rouleau" c'était ne plus avoir un sou.
L'apparition du phonographe pérennisa l'expression : ce dernier fonctionnant par l'intermédiaire d'un rouleau ou cylindre qui, après un ralentissement progressif arrivait en fin de course.
Du papyrus au papier
En grec ancien "papyros", puis en latin "papyrum" ou "papyrus" signifie "papier". Le papyrus est un papier obtenu par superposition de fines tranches tirées des tiges de la plante "Cyperus papyrus". Il fut probablement inventé il y a 5 000 ans.
Il était abondamment utilisé en Égypte et autour de la Méditerranée dans l'Antiquité pour la réalisation de manuscrits.
Succédant au papyrus qui fut utilisé jusqu'au VIIe siècle, le parchemin était une peau de mouton ou de chèvre apprêtée spécialement pour servir de support à l'écriture. C'était un matériau extrêmement durable. Si les papiers habituels jaunissent en quelques années, on trouve aux Archives Nationales quantité de parchemins encore parfaitement blancs, et dont l'encre est restée parfaitement noire. Aussi, il offre l'avantage d'être plus résistant et permet le pliage. Jadis, le terme parchemin s'employait également comme synonyme de diplôme.
Il fut le seul support des copistes européens au Moyen Âge jusqu'à ce que le papier apparaisse et le supplante.
D'invention chinoise, créé pendant la dynastie Han, en 105 av. J.C., le papier devint le support ordinaire de l'écriture.
La composition du papier en Chine ne comporte pas de riz mais consiste pour l'essentiel de fibres de lin, d'une certaine proportion de fibres de lin, de bambous et d'écorces de muriers qui permettent de varier les papiers à l'infini, en couleur éventuellement.
Le secret de la fabrication du papier de qualité demeurera chinois et japonais jusqu’au VIIIe siècle. Lors de la bataille de Talas (Samarkand) en 751, les Arabes, victorieux, firent prisonniers de nombreux Chinois et récupérèrent ainsi le secret du papier et de la soie. Le papier arrivera en Andalousie en 1056, puis se propagera en Occident.source: http://chercheursdeverites.e-monsite.com/blog/expressions/
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Par Partages le 30 Mai 2017 à 07:33
"Copains comme cochons"
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "Copains comme cochons" ?
En réalité, nous devrions dire : "Copains comme soçons".
Dans cette expression, le mot "cochon" est une déformation du mot "soçon" issu du latin "socius", uni, joint, associé, compagnon. Soçon a parfois été modifié en "chochon" qui désignait "le camarade".
Autrefois, dans certaines régions de France, un "soçon" était un cheval de trait prêté pour labourer à deux chevaux par quelqu'un à qui l'on prêtait soi-même le sien lorsqu'il en avait besoin pour la même tâche.
"Socius" étant issu du verbe "sequor" (suivre), nous retrouvons sa racine dans le mot "société", "associer" - entre autre - mais également dans le mot "secte" (du latin "secta" : ligne de conduite, façon de vivre, principes).Quant au mot "copains", dérivé de "compagnon", il est une altération du mot "compainz" employé vers la fin du XIe siècle. "Compagnon" issu du latin populaire "companio" est composé de "cum" (avec) et de "panis" (pain), ce qui signifie au sens littéral "celui qui partage son pain avec".
Au cours du temps, il s'étendra au sens de "celui qui partage ses activités avec quelqu’un".
Qui dit compagnon dit compagnonnage.Le Compagnonnage
En Égypte, à Rome, et dans toutes les civilisations bâtisseuses, les ouvriers et les artisans se regroupaient, s’épaulaient et échangeaient leurs connaissances.
Le compagnonnage est un groupement de personnes dont le but est généralement entraide, protection, éducation et transmission des connaissances entre tous ses membres. L'un des plus fameux exemples de compagnonnage que nous connaissions aujourd'hui en France est celui des Compagnons du Devoir.Les légendes font naître le compagnonnage au Xe siècle av. J.C. sur le chantier mythique du premier Temple de Jérusalem (959 à 951 av. J.C.). Là, sous l’autorité du roi Salomon et de son architecte Hiram, un ordre compagnonique aurait vu le jour, organisé autour de deux autres personnages : maître Jacques, tailleur de pierre, et le père Soubise, charpentier. Jacques et Soubise auraient introduit le rite en Gaule.
Les différentes sociétés de Compagnonnage se sont rangées sous les bannières de Salomon,Maître Jacques et Soubise.
Maître Jacques est par tradition l'ancêtre de deux corporations de Compagnons tailleurs de pierre qui virent le jour en 558 av. J.C. : les "Loups", pour les uns, qui se plaçaient à la tête de tous les autres corps du Devoir, et les "Loups Garous" pour les autres.
Le Père Soubise, lui, est considéré comme étant fondateur de la corporation des charpentiers, surnommés les "Renards" ou "Enfants de Salomon".
L'étude comparée des traditions inhérentes à différents pays du monde semble montrer que ces artisans se sont transmis des connaissances plus ou moins secrètes, de génération en génération.
C'est à cette élite d’hommes de métier en quête d’excellence que nous devons tant de cathédrales, églises, abbayes et autres édifices médiévaux européens (des signes tracés dans les pierres et dans les charpentes, particuliers aux compagnons y sont reconnaissables) : témoins tant de leurs connaissances très avancées en matière de technique architecturale que de leur savoir-faire.
De ce temps des cathédrales ils nous est parvenue une expression toujours usitée : le "Pot de vin".
Le pot de vin qui, de nos jours est devenu synonyme de corruption était au XIIe siècle un "bonus" offert aux Compagnons qui avaient accompli leur tâche en un temps plus court que prévu : ces derniers pouvaient se rendre à l'auberge ou à la taverne du lieu où se situait le chantier afin d'y percevoir un "pourboire" sous la forme d'un pot de vin.Très vite, à l'instar de celles des tailleurs de pierres et des charpentiers, d'autres corporations furent créées : le savoir-faire compagnonnique s'étendit à l'ébénisterie d'art, au travail des métaux, à la couverture (toiture), travail du cuir (selliers, cordonniers, bottiers), travail des textiles et, plus récemment, aux métiers de la plomberie, de la carrosserie et aux métiers de bouche.
La première mention indiscutable des pratiques compagnonniques remonte à l'année 1420, lorsque le roi Charles VI rédige une ordonnance pour les cordonniers de Troyes dans laquelle il est dit que :
"Plusieurs compagnons et ouvriers du dit mestier, de plusieurs langues et nations, alloient et venoient de ville en ville ouvrer pour apprendre, congnoistre, veoir et savoir les uns des autres."Les Compagnons du Devoir, du Tour de France, et ceux des métiers du bâtiment, sont toujours bien vivants. Leurs précieux savoirs et leurs secrets de construction en font des hommes considérés et admirés de tous. Aujourd'hui encore, ils continuent d'accueillir les jeunes gens désireux d'exercer les métiers exigeant intelligence manuelle et créativité afin de les former, leur transmettant ainsi les précieux savoir-faire ancestraux.
Mais cet apprentissage n'est pas un apprentissage comme les autres ; il est dispensé sous un double aspect : une pédagogie, reposant sur le métier au contact des Anciens selon une règle très stricte basée sur la transmission des valeurs morales d'honnêteté, de respect, d'humilité, d'assiduité, de rectitude, de rigueur, de solidarité, d'adaptabilité, d'ouverture d'esprit et de partage.La durée de l’apprentissage varie selon les individus, les corps de métiers et les groupements compagnonniques et peut s'étendre de trois à sept ans (parfois plus). Il s'échelonne en trois étapes : Apprenti, Compagnon sédentaire ou itinérant, Compagnon fini ou Maître.
L'apprentissage inclut également une période de "cavale" (un an au minimum), c'est-à-dire de voyage - obligations familiales permettant - à travers la France et au-delà de ses frontières. Le but de cette "cavale" est de parfaire et enrichir les connaissances auprès de plusieurs autres maîtres, en divers lieux (ou de chantier en chantier).
Le Compagnonnage est un modèle unique d'apprentissage professionnel, mais aussi éthique. C'est le consentement à la règle commune qui unit les Compagnons du Devoir, ainsi que le sens de l'honneur. Cet esprit de corps ne signifie pas que chacun doive renoncer à sa singularité. Au contraire, l'unité et donc la richesse du Compagnonnage est faite de différences ; chaque individu a sa place et participe, avec ses particularités, à l'intérêt commun.
Depuis 1842, tout étranger peut être admis, pourvu qu'il entende et parle correctement la langue française. Actuellement, les compagnons du devoir sont présents dans 45 pays des cinq continents, et dans toutes les régions de France.La Cayenne, la Mère
- La Cayenne - du latin "caya", demeure, maison - est le lieu où se réunissent les compagnons. Par extension, la cayenne désigne l’assemblée des compagnons elle-même. Ce terme qui est remplacé par "chambre" pour certaines corporations. Rituellement, on dit que les compagnons "descendent en cayenne" ou "montent en chambre". Au sein de leur Cayenne, Apprentis et Compagnons trouvent le gîte et le couvert, des Maîtres, du travail et autrefois la protection pour leurs familles et pour eux-mêmes. Les stagiaires et les membres confirmés devaient se conformer strictement aux règles et à certains principes de base.- la Mère est le nom donné à la femme (épouse d'un Compagnon) qui, après avoir été dame-hôtesse, gère et anime un siège compagnonnique. Elle est choisie par les compagnons pour ses vertus et sa fidélité aux valeurs du Compagnonnage. Elle s'occupe de l'administration, du bon ordre et elle veille à ce que tout se passe bien sur le Tour de France et plus particulièrement pour les nouveaux jeunes arrivants. Par sa sensibilité de femme et de Mère, elle peut être un soutien plus approprié que celui des Compagnons pour des aspirants éloignés de leurs familles ou amis, car elle accompagne moralement les jeunes qui font leur Tour de France.
Par extension, la mère peut désigner également le siège lui-même. De par son rôle très important au sein de la Cayenne itinérante, elle est respectée par tous ; les compagnons l'appellent "Notre mère".
Apprenti, Aspirant-Compagnon et Compagnon Fini
Pour devenir Compagnon du Devoir, il faut préalablement devenir Affilié ou Aspirant-Compagnon. Après quelque temps de formation l’Apprenti doit réaliser une "maquette d’adoption". À l'issue de la correction de cette maquette, la communauté des Aspirants et Compagnons jugera si l'apprenti ou le stagiaire peut être "adopté " en qualité d'Aspirant-Compagnon. Cette évaluation donne lieu à une "Cérémonie d’Adoption" ou "d'Affiliation", empreinte d’enseignements et de symboles qui marqueront à jamais l'Aspirant-Compagnon. À cette occasion, ce dernier reçoit ou choisit un surnom lié à sa région ou à sa ville d’origine (exemple : "Alphonse le Berry" ), une canne d'Aspirant-Compagnon, instrument de voyage et symbole de rectitude et de l’itinérance, un chapeau, un habit et des rubans colorés ou un baudrier. Le port de rubans colorés ou du baudrier par les Compagnons est une marque d’identité du groupe et du corps demétier. Y sont également imprimés un labyrinthe et la Tour de Babel, invitations à mettre de l’ordre dans son propre esprit ou rappels d’une œuvre demeurée inachevée ; ces deux figures désignent la quête de sens qui devra l'animer sur les chemins du Tour de France. Ces décors ne sont aujourd’hui portés que lors des cérémonies. Le lauréat fait désormais partie de la communauté des Compagnons, et peut partir quand il le souhaite pour commencer son Tour de France qui pourra durer six ou sept ans.Au cours de ce périple appelé "cavale" ou "voyage", il poursuivra sa formation auprès de divers patrons et "pays" ou "coteries" qu'il fréquentera sur le Tour de France. Il trouvera partout une maison de compagnons, une "Cayenne" ou "Chambre".
Au retour de sa Cavale, l'Aspirant-Compagnon s'attèlera à un travail appelé communément "Chef-d'Oeuvre". Le chef-d'œuvre individuel existe depuis le Moyen Âge et fut rendu obligatoire au XVe siècle. Il s'agit d'une œuvre imposée à un Aspirant-Compagnon pour pouvoir passer Maître en devenant Compagnon-Fini. Autrefois il ne pouvait être commencé qu'après sept ans d'apprentissage et son Tour de France achevé.
Cette création, suivant l'objectif de perfection qu'il s'est fixé, pourra lui demander plusieurs centaines d'heures de travail, voire plusieurs mois ou années pour certains. Il devra attester des compétences acquises par l'Aspirant-Compagnon au cours de ses années d'apprentissage et de voyage.
L'oeuvre peut parfois être collective (deux ou trois Aspirants-Compagnons).
Ce "Chef d'Oeuvre" ou "Travail de Réception" étant accompli, celui-ci sera présenté lors d'une autre cérémonie appelée "Cérémonie de Réception" et soumis à l'opinion d'un jury composé de Compagnons et de Maîtres Anciens qui reconnaîtront ou non sa valeur.Le déroulement de la Réception constitue un temps fort de la vie du Compagnon par la puissance du rituel et une véritable mise à l'épreuve psychologique du candidat. En cas de réussite, la société lui confirmera alors son nom de Compagnon, complété par une caractéristique liée à son comportement ou sa qualification - le nouveau nom choisi doit marquer l’individu comme une investiture - exemple : "Avignonnais la Vertu"). On lui remettra une canne plus longue, et l'on procédera à de nouvelles frappes spécifiques sur ses couleurs (rubans, cordon ou baudrier).
Tous les rituels de réception sont composés d’épisodes destinés à éprouver la sincérité, la volonté, le courage, la moralité et l’engagement du candidat. Le serment d’être fidèle au Devoir et à ses Pays ou Coteries en constitue un épisode important.
La canne est généralement en jonc, avec un grand bout ferré et un pommeau qui porte le nom du Compagnon, son Rite, sa Corporation, la date de sa Réception ; les cannes sont différentes selon les corporations :
- Enfants de Maître Jacques : canne à pomme d’ivoire
- Enfants du Père Soubise : canne à tête noire en corne
- Enfants de Salomon : canne à pommeau ou Torse.Quelques sobriquets de Compagnons :
La Brie l'Ami du Trait : évoque la compétence d’un compagnon dans le dessin ;
La Clef des Coeurs de Fleurance : souligne le caractère de fraternité ;
Tourangeau l'Ami des Arts ;
Bordelais le Résolu.Enfin, le Premier Compagnon ou "Rouleur" est un Compagnon fini qui assure des responsabilités au sein de la corporation : il est reconnu par ses pairs au cours d'une cérémonie spéciale appelée "Cérémonie de Finition". Il s'occupe en particulier de l'accueil et du placement des Apprentis.
Devise des Compagnons du Devoir :
"Ni s'asservir, ni se servir, mais servir." ou "Servir sans s'asservir ni se servir."Durant la plus grande partie de son histoire, le Compagnonnage ne comprenait que des métiers qui étaient exercés par des hommes. La force physique nécessaire, la pénibilité et la dangerosité des métiers du bâtiment, les risques liés au Tour de France et l’environnement socioculturel rendaient inconcevable l’admission des jeunes femmes au sein des sociétés compagnonniques.
L’évolution des mentalités a conduit une partie des Compagnons à envisager le passage d’une société masculine à une société mixte.
Des mouvements compagnonniques dissidents se sont ouverts à la mixité dès 1978.
En 2004, l’Association Ouvrière des Compagnons du Devoir a adopté cette réforme.
La première femme Compagnon a été reçue en 2006 (chez les tailleurs de pierre) et d’autres l’ont été depuis dans plusieurs métiers (tapissier, menuisier, boulanger, jardinier-paysagiste, etc.).
Extrait de la "Règle des Compagnons du Devoir", 2009 :
"Apprendre à travailler les éléments pour assurer son quotidien et, malgré les difficultés, se perfectionner sans cesse pour devenir avec patience capable de son métier. Mais également apprendre à ne pas gaspiller les ressources afin que d’autres, ailleurs et demain, puissent en vivre.Les Compagnons du Devoir se sont engagés à agir dans le respect de l’environnement.
Dépasser ses propres intérêts et, en Homme libre, se mettre au service des autres. Cela nécessite un travail quotidien sur soi-même, tant pour en acquérir patiemment les aptitudes que pour apprendre à s’effacer.""L’homme pense parce qu’il a une main." Anaxagore.
source : http://chercheursdeverites.e-monsite.com/blog/des-racines-et-des-lettres/copains-comme-cochons.html
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Par Partages le 27 Mai 2017 à 18:41
"De fil en aiguille"
- Le 05/09/2016
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- Dans Expressions
Connaissiez-vous l'origine de l'expression "De fil en aiguille" ?
Nous utilisons cette expression pour décrire un enchaînement de propos ou d'idées se succédant les uns aux autres.
Figurant dès 1275 dans "Le Roman de la Rose" (écrit par Guillaume de Lorris et Jean de Meung), cette expression nous vient du Moyen-Âge, époque où les familles comptaient toutes au moins une couturière parmi leurs membres. Très souvent, les femmes aimaient à coudre ou broder en groupe, tout en discutant. À l'instar du fil qui passait dans le chas de l'aiguille, leur conversation passait d’un sujet à un autre selon une certaine logique et dans la continuité. Elles entretenaient ainsi des relations sociales.
Un peu d'histoire
La naissance de la couture remonte au Paléolithique Supérieur, grâce à l'invention de l’aiguille à chas permettant d’assembler les pièces de vêtement coupées. Les peaux et fourrures sont alors les seuls matériaux dont disposent les hommes pour se vêtir ou créer des abris.
La plus ancienne aiguille à chas au monde est datée de plus de 45 000 ans ; elle a été découverte dans la grotte de Denisova (Russie). Elle pourrait avoir été faite par des Denisoviens. Réalisée dans un os d'oiseau, elle mesure 7,6 cm.
Les aiguilles sont d’abord fabriquées en ivoire de mammouth, en os de renne ou en défense de morse. Certaines sont déjà très fines.
Les Inuits, par exemple, utilisaient le tendon du caribou en guise d'aiguille à tricoter ; les peuples indigènes des plaines américaines utilisaient des méthodes de coutures sophistiquées pour assembler les tipis.
En Afrique, la couture s'est associée au tissage des feuilles permettant de créer des paniers.
L'assemblage de vêtements à base de fibres naturelles provient du Moyen-Orient aux alentours de 4000 ans av. J-C., voire plus tôt durant l'Ère Néolithique.Au Moyen-Âge, la plupart des femmes françaises apprennent à filer, tisser, coudre et broder. Ce sont souvent les mères qui enseignent la couture à leurs filles.
La société médiévale fait preuve d'une aversion pour les mélanges de couleurs, opérations jugées infernales car elles enfreignent l’ordre et la nature des choses. On ne mélange pas les couleurs, on juxtapose, on superpose. Le bariolage sur un tissu est la marque de la souillure, marque infâmante.
Certaines catégories sociales sont identifiables par les couleurs (seules ou en combinaison) de leurs vêtements, qui leurs sont imposées par des règlements et des statuts sous formes (croix, rouelle, bande, écharpe, ruban, bonnet, gants, chaperon). Ainsi, succinctement et à titre d'exemple, en France :- blanc et noir : seuls ou en association désignent les misérables et les infirmes (lépreux)
- rouge :les bourreaux et les prostituées
- jaune : les faussaires, les hérétiques et les personnes de confession israélite.
- vert seul ou jaune et vert : musiciens, jongleurs, bouffons, fous.Le Roman de la Rose
Il s'agit d'une œuvre résumant toute l'aventure de la courtoisie et réunissant sous un même titre deux fictions allégoriques, composées à intervalle de quarante ans par deux poètes de tempéraments opposés : Guillaume de Lorris et Jean de Meung.
Dans la première partie écrite vers 1230 par Guillaume de Lorris, le verger ou jardin paradisiaque est un lieu désarmé, où les chevaliers brillent par autre chose que leur force physique et leurs qualités guerrières ; la véritable distinction réside dans le raffinement des manières. L'allégorie de Guillaume de Lorris résume le postulat de base de la courtoisie : elle exalte la force du désir, mais elle refuse la jouissance ultime qui le comblerait et le détruirait en même temps.
La seconde partie, composée entre 1264 et 1269 par Jean de Meung, est avant tout une satire : l'auteur s'en prend aux ordres monastiques,prédicateurs et mendiants, et surtout aux religieux hypocrites qui n'ont de religieux que l'habit, au célibat des clercs ordonnés, à la noblesse, au Saint-Siège, aux prétentions excessives de la royauté, mais surtout aux femmes. La raison y prend le pas sur l'amour.Au long du XIIIe siècle, la courtoisie a connu une évolution, tout en poursuivant un même but profond : domestiquer le mythe de la passion fatale de Tristan et Yseult.
Le mot "roman" est issu du latin populaire "romacium" formé à partir de l’adverbe "romanice" qui signifie "en langue romaine vulgaire" (comprenant les langues romanes dont l'ancien français, "oil", "oc" et "si") parlées par la population des pays conquis par Rome, par opposition au latin pratiqué par les lettrés.
Le roman désigne donc une œuvre en langage populaire.
C'est aux alentours de 1135 que les auteurs commencent à désigner leurs oeuvres narratives sous le nom de "roman". Bien que novateur et original, le roman puise de nombreux motifs dans les genres littéraires qui l'ont précédé. Il est novateur car il mêle les exploits guerriers de la chanson de geste, la vision amoureuse de la poésie lyrique et puise dans les légendes celtiques.
Dans la littérature française, l'inventeur du roman médiéval est Chrétien de Troyes (1130 - 1180 ou 90). Auteur de cinq romans traitant de la quête arthurienne et de la Table Ronde (il mourut avant de terminer le dernier intitulé le "Conte du Graal") rédigés en vers octosyllabiques et en langue d'oil, .Le terme de langue "d'oil", langue "d'oc" et de langue de "si" fut créé par Dante dans son ouvrage "De vulgari eloquentia" en 1303-1304 : il distingue trois langues romanes selon leur manière de dire "oui" :
- la langue d’oc (lingua d’oco) parlée au sud de la Loire
- la langue d’oïl (qui donnera le français) parlée au nord de la Loire ; le "oui" du français moderne est issu de "oïl"
- la langue de si (qui donnera l’italien).Jusqu'au XIIe siècle, exception faite des écrits religieux et juridiques, les textes étaient rédigés en vers octosyllabiques.
source : http://chercheursdeverites.e-monsite.com/blog/expressions/
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