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    L'Oiseau de paradis


    Près d'Arlanc, dans le Puy-de-Dôme, il est un vieux couvent, le prieuré de Chaumont, qui a donné naissance à ce conte, que chacun peut interpréter à sa façon

    Père Anselme, un vieux prêtre du couvent de Chaumont, aimait beaucoup se promener dans le bois voisin, appelé le Bois-des-Pères. À l'ombre des grands arbres centenaires, il méditait, se souvenait, priait. La marche à pied aussi lui faisait du bien.


    Un jour, comme d'habitude, il sortit du couvent après avoir échangé quelques paroles avec frère Jérôme, le portier ordinaire.
    Il faisait beau, le père Anselme se perdit dans les bosquets, tranquille et heureux. Tout à coup, il entendit un chant d'oiseau, un chant si mélodieux qu'il s'arrêta, surpris. Il leva les yeux et aperçut un oiseau au plumage étincelant, d'une forme particulière, inconnue. L'oiseau continua ses trilles légers, le père les sentit pénétrer dans son coeur, l'emplir de douceur et de tendresse nouvelles.
    « Que c'est beau » murmura-t-il.


    Il pensait à la fois, et au chant, et à l'oiseau lui-même. Soudain, l'oiseau battit des ailes, s'envola. Le père Anselme ne put s'empêcher de le suivre, essayant de ne pas le perdre de vue.
    L'oiseau voletait de branche en branche sans s'arrêter de chanter. Les yeux levés, comme fasciné, le prêtre marchait toujours à sa suite. Plusieurs fois, il tendit les mains, tant l'oiseau était proche. Mais, au dernier instant, l'oiseau partait plus loin...


    L'enchantement se prolongea.
    À la fin, pourtant, le père Anselme fit un effort pour reprendre ses esprits : « C'est assez, se dit-il, je dois rentrer maintenant, ils vont s'inquiéter sans cela, voilà bien deux heures que je marche ».


    À regret, il abandonna l'oiseau et retrouva le chemin du couvent, tout imprégné encore de sa merveilleuse rencontre.


    Bientôt, il aperçut le prieuré ; arrivé à la porte, il tira la corde de la cloche. La cloche sonna, la porte s'ouvrit, la silhouette d'un moine inconnu apparut.
    - Tiens, dit le père Anselme surpris, frère Jérôme n'est plus là ?
    - Je ne connais pas le frère Jérôme, répondit le nouveau portier.


    Le père continua de le toiser, de plus en plus étonné par son aspect.
    - Pourquoi portez-vous ce costume ? demanda-t-il. Ce n'est pas celui de notre ordre.
    - Mais si, répliqua l'autre. Ma robe est bien celle portée par les moines Minimes...
    - Hé, hé... Attendez : nous sommes des Bénédictins, de l'ordre de saint Benoît de Cluny, et non pas des moines Minimes...
    - Quelle idée ! Le portier secoua la tête, aussi surpris que son interlocuteur.
    - Je suis pourtant bien au couvent de Chaumont ? fit le père Anselme.
    - Oui...


    Le prêtre se frotta les yeux, sentant son esprit égaré par quelque chose d'incompréhensible.
    - Appelez-moi le prieur, je vous prie. Jean de Chalençon m'expliquera ce mystère de nouveau portier et de nouveau costume...
    - Il n'y a pas de prieur au nom de Jean de Chalençon ici...
    - Comment ! cria le père. Allez donc voir, sa cellule est près de la mienne ! J'en suis sûr !
    - Je regrette.


    Le dialogue de sourds se prolongea. Le portier croyait avoir affaire à un fou, et le père Anselme était sur le point d'en devenir un, en vérité... Tous les deux élevaient le ton, leur tapage attira un autre prêtre, qui demanda :
    - Que se passe-t-il ? Je suis le Père supérieur du couvent...
    - Mais... mais... bégaya le père Anselme, et Jean de Chalençon alors ?

    Il raconta son histoire une nouvelle fois, il insista, il n'y comprenait rien ; tout à l'heure après le déjeuner, lui, le père Anselme, était sorti se promener dans le bois, et maintenant il revenait tranquillement comme d'habitude. Que se passait-il au couvent, pourquoi ces inconnus, pourquoi ces mystères ?
    En face de lui, le prêtre écoutait sans réaliser. En même temps, il réfléchissait, le nom de Jean de Chalençon lui rappelait quelque chose, oui...


    - Mon père, dit-il doucement, vous avez raison, j'ai entendu parler de Jean de Chalençon, il était bien le Supérieur de ce couvent... Seulement, il est mort voilà deux cents ans, à peu près.
    - Deux cents ans... murmura le père Anselme, suffoqué.


    Il se laissa tomber sur un banc, sans plus rien dire, les yeux exorbités.
    - Attendez, reprit le prieur. Il faut que je vérifie tout cela. Ne bougez pas, je reviens.
    Il partit en courant vers la bibliothèque du prieuré. Là, il parcourut de gros registres couverts de poussière, et finit par trouver ce qu'il cherchait. C'était bien ce qu'il pensait : le Père supérieur Jean de Chalençon était mort deux siècles auparavant...


    Tout à coup, le prêtre tressaillit : quelques lignes au-dessus de cette annonce de décès, la chronique du couvent racontait la disparition d'un certain père Anselme, qui était sorti un jour pour une promenade au bois, et n'en était jamais revenu.


    Le livre tomba des mains du prieur. Il s'élança vers l'entrée du couvent, tout effaré. Trop tard, il n'y trouva que le portier !
    - Où... où est le père Anselme ? demanda-t-il.
    L'autre haussa les épaules :
    - Il est parti.


    Sur l'ordre du prieur, tous les moines du couvent se lancèrent à la recherche du fugitif. Il fut impossible de le retrouver.
    Quelques-uns des moines racontèrent seulement, comme anecdote, qu'ils avaient entendu dans le bois, au loin, un chant d'oiseau, plus beau, leur sembla-t-il, que ceux qu'ils entendaient d'habitude.

     

    source : http://eprimaire.free.fr/contes/tradi/auv7.html


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