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    Se monter la tête, s’exalter, s’illusionner, se faire une idée fausse de la vie
     
    Se monter la tête, s’exalter, s’illusionner, se faire une idée fausse de la vie

    La locution est souvent employée comme synonyme de se monter la tête. Mais d’où vient-elle ? Retour sur l’histoire de cette expression apparue pour la première fois en 1860 dans la Correspondance de Gustave Flaubert. « Oh ! Comme il faut se monter le bourrichon pour faire de la littérature et que bienheureux sont les épiciers », écrit-il pour signifier qu’il faut s’illusionner, s’échauffer ou s’exalter pour s’exercer à la littérature. Le mot bourrichon est dérivé de bourriche. Substantif féminin, il désigne, en 1526, un panier oblong, grossièrement tressé, sans anses, servant au transport du gibier ou de la marée (ce qui explique la « bourriche d’huîtres »), plus rarement des fruits.

    C’est en 1846, que le mot bourriche, entré dans le langage argotique, devient synonyme de tête. Métaphore ironique familière, comme bouillotte, cafetière, caisson, calebasse, carafe, carafon, fiole, théière ou tirelire, il désigne la tête. Nombreux sont en effet les contenants susceptibles d’évoquer la boîte crânienne, qui contient le cerveau, source de la pensée.

     

    En 1866, le Dictionnaire de la langue verte : argots parisiens comparés d’Alfred Delvau indique au mot bourrichon : « La tête — dans l’argot des faubouriens, qui prennent les imbéciles pour des huîtres. » Enfin, par analogie, le mot bourriche fait écho au mot bourrique signifiant bête, idiote. « Quelle bourriche cette fille ! » peut-on lire dans L’Argot au XXe siècle, dictionnaire français-argot, écrit par Aristide Bruant et Léon de Bercy en 1901.

    Bourrichon est donc un mot populaire pour nommer « la tête ». Et les expressions ne manquent pas pour lui donner du sens : « Monter le bourrichon à quelqu’un », par exemple, pour exalter (quelqu’un) ; (lui) en faire accroire, puisque monter veut dire « faire aller plus haut ». Le sens est péjoratif, puisqu’il s’agit de lui faire prendre des vessies pour des lanternes. « Avoir le bourrichon très monté », c’est être très exalté.

    Le Dictionnaire de la langue verte cité plus haut donne la signification suivante de l’expression Se monter le bourrichon : « Se faire une idée fausse de la vie, s’exagérer les bonheurs qu’on doit y rencontrer, et s’exposer ainsi, de gaieté de cœur, à de cruels mécomptes et à d’amers désenchantements. » « On se monte vite le bourrichon quand on a envie de quelque chose écrit Paul Vialar dans Tournez, jolies gosses en 1956.

    Si cela expose à des désillusions, Flaubert voyait dans ce bourrichon psychologique un état d’esprit, et il emploie au sens figuré le bourrichon comme synonyme de « moral » : « Mon pauvre bourrichon est à bas », écrit-il dans sa Correspondance. Nous dirons alors « se remonter le bourrichon » ou « remonter son bourrichon » pour « se remonter le moral ».

    L’expression n’est qu’une variante argotique de « se monter la tête » ou de « monter la tête à quelqu’un », le verbe monter ayant ici le sens de « accroître la valeur, la force, l’intensité, la consistance de quelque chose ».

    Extrait (enrichi) d’un article de Noémie Lévy
    Le Figaro

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