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Par Partages le 7 Mai 2014 à 13:29
Des créatures les plus belles nous désirons progénitures
Qu'ainsi la rose de la beauté puisse ne jamais mourir
Mais comme la plus mûre devrait avec le temps périr,
Que son doux héritier puisse perpétuer sa mémoire:
Mais toi fiancé à tes propres yeux éclatants,
Tu nourris la flamme de ta lumière avec toi-même pour combustible
Provoquant la famine où règne l'abondance,
Toi-même ton ennemi, envers ton doux toi-même trop cruel:
Toi qui es à présent le nouvel ornement du monde,
Et l'unique hérault du printemps réjouissant,
Dans ton propre bourgeon tu ensevelis ta satisfaction,
Et tendre pingre tu fais gaspillage de ton avarice:
Aie pitié du monde, ou bien sois ce glouton,
Pour manger la part du monde, par la tombe et par toi.
W. Shakespeare
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Par Partages le 6 Mai 2014 à 09:41
ARTHUR RIMBAUD
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Par Partages le 3 Mai 2014 à 09:26
Où est donc le bonheur ?
Où donc est le bonheur ? disais-je. – Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l’avez donné.Naître, et ne pas savoir que l’enfance éphémère,
Ruisseau de lait qui fuit sans une goutte amère,
Est l’âge du bonheur, et le plus beau moment
Que l’homme, ombre qui passe, ait sous le firmament !Plus tard, aimer, – garder dans son coeur de jeune homme
Un nom mystérieux que jamais on ne nomme,
Glisser un mot furtif dans une tendre main,
Aspirer aux douceurs d’un ineffable hymen,
Envier l’eau qui fuit, le nuage qui vole,
Sentir son coeur se fondre au son d’une parole,
Connaître un pas qu’on aime et que jaloux on suit,
Rêver le jour, brûler et se tordre la nuit,
Pleurer surtout cet âge où sommeillent les âmes,
Toujours souffrir ; parmi tous les regards de femmes,
Tous les buissons d’avril, les feux du ciel vermeil,
Ne chercher qu’un regard, qu’une fleur, qu’un soleil !Puis effeuiller en hâte et d’une main jalouse
Les boutons d’orangers sur le front de l’épouse ;
Tout sentir, être heureux, et pourtant, insensé
Se tourner presque en pleurs vers le malheur passé ;
Voir aux feux de midi, sans espoir qu’il renaisse,
Se faner son printemps, son matin, sa jeunesse,
Perdre l’illusion, l’espérance, et sentir
Qu’on vieillit au fardeau croissant du repentir,
Effacer de son front des taches et des rides ;
S’éprendre d’art, de vers, de voyages arides,
De cieux lointains, de mers où s’égarent nos pas ;
Redemander cet âge où l’on ne dormait pas ;
Se dire qu’on était bien malheureux, bien triste,
Bien fou, que maintenant on respire, on existe,
Et, plus vieux de dix ans, s’enfermer tout un jour
Pour relire avec pleurs quelques lettres d’amour !Vieillir enfin, vieillir ! comme des fleurs fanées
Voir blanchir nos cheveux et tomber nos années,
Rappeler notre enfance et nos beaux jours flétris,
Boire le reste amer de ces parfums aigris,
Être sage, et railler l’amant et le poète,
Et, lorsque nous touchons à la tombe muette,
Suivre en les rappelant d’un oeil mouillé de pleurs
Nos enfants qui déjà sont tournés vers les leurs !Ainsi l’homme, ô mon Dieu ! marche toujours plus sombre
Du berceau qui rayonne au sépulcre plein d’ombre.
C’est donc avoir vécu ! c’est donc avoir été !
Dans la joie et l’amour et la félicité
C’est avoir eu sa part ! et se plaindre est folie.
Voilà de quel nectar la coupe était remplie !Hélas ! naître pour vivre en désirant la mort !
Grandir en regrettant l’enfance où le cœur dort,
Vieillir en regrettant la jeunesse ravie,
Mourir en regrettant la vieillesse et la vie !Où donc est le bonheur, disais-je ? – Infortuné !
Le bonheur, ô mon Dieu, vous me l’avez donné !Le 28 mai 1830.
Victor Hugo (1802-1885)source : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor_hugo/ou_donc_est_le_bonheur_disais_je.htmlhttp://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/victor_hugo/ou_donc_est_le_bonheur_disais_je.html
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Par Partages le 29 Avril 2014 à 12:04
MAI
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverainsOr des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupièresSur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régimentLe mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignesGuillaume Apollinaire (1880-1918)
source : http://www.tadine.ca/poesie/apollinaire/apolli07.shtml
Vous en voulez plus ? Cliquez sur le lien suivant :
http://rosannadelpiano.perso.sfr.fr/Apollinaire.html
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