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    La légende des douze animaux du zodiaque chinois

    Une légende raconte qu'un jour, alors que l'Empereur de Jade présidait une séance d'audience dans le palais céleste, le tigre, le phénix et le dragon vinrent crier à l'injustice. L'Empereur leur dit: "Vous êtes considérés comme le roi de la montagne, le roi de l'eau et le roi de la forêt. Qui a donc l'audace de vous maltraiter?" Les trois plaignants répondirent: "C'est l'homme. Il essaie par tous les moyens de nous tuer." L'Empereur de Jade dit: "Et bien, rentrez chez vous et informez vos vassaux qu'ils doivent venir attendre devant la Porte sud du Palais céleste à la cinquième veille du matin. A mon signal le premier à se présenter, je le choisirai comme symbole désignant l'année denaissance de l'homme. Celui-là ne sera plus jamais persécuté par l'homme. Quant aux autres, je ne m'en occuperai pas. » Les trois animaux-rois se dépêchèrent d'aller informer leurs vassaux.

    La nouvelle se répandit. Les animaux se préparèrent à la hâte. Le rat qui était en train de creuser un trou n’avait pas entendu la nouvelle. Quand il sortit du trou, il vit le chat qui se lavait le museau et l'interrogea: "Frère chat, vous faites votre toilette, est-ce que vous allez rendre visite à des parents ou bavarder avec des voisins?" Le chat répondit: "Pas du tout. Demain matin, j'ai une affaire importante à régler." Le rat s'empressa de se renseigner. Le chat lui révéla candidement le décret de l'Empereur de Jade. Le rat dit immédiatement: "J'y vais moi aussi." Le chat dit: "Allons-y ensemble. Cependant j'ai l'habitude de faire la grasse matinée. Demain matin vous devrez me réveiller de bonne heure." Le rat acquiesça.

    Le lendemain, le rat se réveilla à la troisième veille du matin et pensa: "Le chat court plus vite que moi. Si je vais avec lui, je le payerai cher", il se leva doucement et se mit en route tout seul, sans aller réveiller le chat.

    Devant la Porte sud du Ciel, des fauves et des oiseaux étaient déjà rassemblés. L'Empereur de Jade, assis dans la salle du palais, ordonna à son ministre, Étoile d'Or, de préparer pinceau et papier. À la cinquième veille, il cria "Entrez". Les animaux accoururent, ils se serrèrent devant la porte du palais et personne ne put faire un pas de plus. Le rat se dit: "Je n'ai pas de force, je n'arriverai pas à traverser la foule. Il me faut trouver un moyen." Soudain, l'idée lui vint de passer entre les jambes des animaux. Alors d'un bond, il sauta le premier devant l'Empereur de Jade qui, en le voyant, dit: "Voilà! Le premier arrivé est le rat." Étoile d'Or en prit note. C'est ainsi que le rat se classa premier des douze animaux.

    Le bœuf, impatient, écarta grâce à sa force les autres animaux et courut en avant. L'Empereur de Jade dit: "Voilà maintenant le boeuf." Étoile d'Or classa le boeuf en deuxième position.

    Le tigre se dit: "Le bœuf a de la force, moi aussi." Il sauta, d'un bond par-dessus les têtes des autres animaux et gagna la troisième place.

    Voyant cela, le lapin réfléchit: "Je ne suis pas assez fort pour traverser la foule. Je vais suivre l'exemple du rat!" Il se fit tout petit et se faufila entre les jambes des autres animaux. Il se classa quatrième.

    Le dragon se mit en colère, en voyant que les autres le précédaient. "Je suis le plus puissant, pourquoi ne pas utiliser mes pouvoirs magiques?" Il s'éleva dans les nuages et s'avança à travers le ciel et arriva le cinquième.

    Le serpent ne supportait pas de se montrer faible. Habile, il se glissa à travers les jambes des animaux et se classa sixième.

    Voyant qu'il n'avait pas le temps de traverser la foule, le cheval concentra ses forces et d'un bond s'élança devant, il fut classé septième.

    Le mouton pensa: "Je suis moins fort que les autres. Je vais essayer de me servir de mes cornes." Il baissa la tête et poussa les autres animaux de ses cornes pointues. Les autres s'empressèrent de le laisser passer. Le mouton put ainsi gagner la huitième place.

    Le singe, lui aussi, utilisa ses capacités. S'agrippant tantôt aux cheveux des uns, tantôt aux oreilles des autres, il bondit promptement, par-dessus les têtes des animaux, et s'élança devant. Il fut classé neuvième.

    Voyant qu'il y avait déjà neuf animaux devant lui, le coq craignit qu'il n'y ait plus de place pour lui. Battant des ailes, il traversa la foule en volant et prit la dixième place.

    L'Empereur de Jade, pensant que le nombre des animaux était suffisant, dit: "Ça suffit! Ça suffit!" Étoile d'Or crut qu'il criait "le chien" et prit en note le chien (en chinois, le mot "chien 狗 gǒu" et le mot "suffit 够 gòu" sont homophones). L'Empereur de Jade répéta: "C'est assez! C'est assez!" Étoile d'Or crut alors qu'il disait le "cochon" et écrivit "cochon" (en chinois, le mot "assez 足 zú" et le mot "cochon 猪 zhú" sont homophones). L'Empereur saisit alors brutalement le papier où étaient inscrits les noms des animaux, et dit: "N'écris plus rien" Il compta et s'aperçut qu'il y avait douze animaux pour désigner les années de naissance, au lieu de dix. Mais il dut donner son consentement. C'est ainsi que furent choisis les douze animaux et que fut fixée leur place respective.

    Ayant gagné la première place, le rat rentra chez lui joyeux et trouva le chat en train de faire sa toilette. Le voyant arriver, le chat dit: "Il faut que nous partions." Le rat lui dit: "Pourquoi partir. J'ai gagné la première place." "Pourquoi ne m'avez-vous pas appelé?" "Si je vous avais réveillé, comment aurais-je gagné la première place?" A ces mots, le chat s'indigna et s'abattit sur le rat pour le dévorer. Le rat était si habile qu'il réussit à s'enfuir. C'est depuis lors que le chat et le rat sont ennemis.

    Les contes de ce genre, transmis de génération en génération sont nombreux. La plupart d'entre eux s'inspirent de la physionomie particulière et du comportement des douze animaux et montrent combien la place de ces animaux est importante dans l'imagination et les sentiments des hommes.

    Source: Zang Fang, les douze animaux et leur place dans la culture chinoise, Beijing 2001


    En savoir plus sur http://lechinois.com/faq/legendedouzeanimaux.html#gLGdtDxmpBIqOuKB.99

     


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    Le maréchal-ferrant 

    De nombreuses légendes ont couru en Allemagne, en Belgique et dans le Nord de la France sur l'évêque-orfèvre. L'une d'elles, d'origine allemande, voudrait expliquer pourquoi Éloi fut le patron de tant de corporations2.

    Au dire de cette légende, Éloi, simple maréchal-ferrant, s'était installé à son compte et avait accroché à sa porte une enseigne ainsi conçue : « Éloi. Maître sur maître. Maître sur tous ». Considérant que ce « Maître sur tous » était un défi à la puissance céleste, Jésus-Christ résolut de donner à Éloi une bonne leçon d'humilité.

    Le Christ s'habilla donc comme un simple et pauvre forgeron et vient demander de l'embauche à l'atelier d'Éloi.  

    Que sais-tu faire ? demande celui-ci.

    Je sais forger et ferrer aussi bien que qui que ce soit au monde

    Que dis-tu de ce fer que je viens de forger ? 

    Pas mal, mais on peut faire mieux.  

    Hospices de Beaune, Bourgogne, France. Tapisserie de Guigone de Salins, représentant saint Éloi.

    Là-dessus, et sans attendre, Jésus forge un fer bien mieux fini, bien plus élégant que celui d'Éloi. Mais il ne s'arrête pas là. Ayant vu à la porte de la forge un cheval en attente d'être ferré, Jésus lui coupe la jambe, la met sur l'enclume, pose le fer, puis rattache la jambe au cheval qui paraît ne s'être aperçu de rien. Colère d'Éloi qui, pour relever ce défi, coupe une autre jambe du cheval et s'apprête à y poser un fer. Mais le cheval, cette fois, saigne, hennit de douleur, s'abat, et mourrait bientôt si Jésus n'arrêtait miraculeusement l'hémorragie avant de remettre la jambe en place. Du coup, Éloi capitule. Il prend son marteau et brise son enseigne en disant : 

    Qui que tu sois, c'est toi le maître et c'est moi le compagnon.  

    Alors le Christ : 

    Heureux celui qui s'humilie.

    Éloi comprend enfin à qui il a à faire et se prosterne. 

    Je te pardonne, dit le Christ, car je te crois guériReste « Maître sur maître » ; mais souviens-toi que je suis seul « Maître sur tous »

    Il monte en croupe derrière le cavalier propriétaire du cheval dont deux jambes avaient été coupées. Et ils s'en vont. Éloi, qui n'est décidément pas au bout de ses surprises, comprend alors que ce cavalier était saint Georges. 

    Cette légende tente d'expliquer pourquoi Éloi apparaît sur de très anciennes gravures, tenant une jambe de cheval à la main. Mais elle ne peut être que postérieure au xie siècle, époque où l'usage de ferrer les chevaux apparut en Occident.

     source   : https://fr.wikipedia.org/wiki/Éloi_de_Noyon

     lire plus : https://fr.wikisource.org/wiki/Légendes_chrétiennes/Saint_Éloi_et_Jésus-Christ

     et sur    :  http://www.notreprovence.fr/tradition_fetes-de-la-saint-eloi.php


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    Ce récit que je propose a une fin alternative, à vous de retenir celle que vous préférerez .

     

    La maison du bout du monde

     Mon journal m’avait envoyé dans cette petite ville de bord de Manche pour faire un reportage sur la fête de la mer. Je ne suis qu’un modeste journaliste et ce qui m’est confié est tout aussi modeste, néanmoins la perspective d’une journée au bord de l’eau m’avait fait plaisir.

    Arrivé sur place, j’avais trouvé l’ambiance agréable et gaie. Il y avait foule sur le port, comme sur la plage, pour voir les bateaux de près avant leur sortie en mer, ou bien regarder le défilé à quelque distance de la plage, suivi de la cérémonie religieuse.


    Une foule bigarrée et joyeuse, paisible, où se mêlaient les rires des adultes et les cris des enfants, déambulait. Beaucoup de grands-parents aussi, et j’en profitais pour poser des questions aux plus âgés sur les traditions entourant cette fête.


    J’ai attendu sur la plage, tout au bord de l’eau où une minuscule vaguelette s’ourlait, tant la mer était calme et bleue ce jour là. Les bateaux de pêche sont sortis en file, décorés comme je l’avais vu dans le port, de fleurs multicolores, faites de papier crépon, monté sur du fil de fer, tâche exécutée par les épouses des marins. Ils ont paradés le long de la plage, accompagnés par quelques plaisanciers, en faisant résonner leurs cornes. Puis le silence s’est fait, et les navires se sont rassemblés en un cercle grossier, entourant celui où le prêtre de la paroisse était embarqué, pour un court office et une prière. Silence aussi sur la plage, pendant ce moment solennel, bien qu’il soit impossible d’entendre les paroles de l’officiant. Seul résonnait discrètement le bruit de mon appareil photo, muni de son téléobjectif.
    Une gerbe de fleurs fut lancée à l’eau et toute la flottille reprit le chemin du port.
    Encore quelques clichés là-bas, montrant les marins distribuant les fleurs aux promeneurs, et mon reportage était bouclé.


    Il était encore tôt dans l’après-midi, mon train n’était prévu que pour nettement plus tard, j’avais quelques heures à tuer. Pris d’une sorte de mélancolie, en me retrouvant seul après cette agitation colorée, j’ai décidé d’aller marcher un moment, plutôt que de rester dans un café à ruminer sur l’appartement vide qui m’attendait au retour.


    Mes pas m’ont tout naturellement conduit sur la falaise, et après avoir gravi avec lenteur un chemin escarpé, je me suis retrouvé tout en haut, à respirer un air venu tout droit du large, sentant seulement le sel et l’iode, en regardant une mer bleu profond à perte de vue.


    Revivifié, j’ai marché un moment tout droit devant moi, et c’est un peu plus loin que je l’ai vue. Une maison ancienne, dans le plus pur style normand, avec un toit de chaume, presque au bord de la falaise, et assez isolée. J’ai été comme aimanté, et je me suis approché. De près, elle n’était pas aussi belle que je l’avais cru de prime abord. Elle était même assez délabrée, et bardée de panneaux d’agence signalant sa vente. Quel dommage, ai-je pensé, elle mériterait d’être remise en état.
    L’intérieur était-il en ruine ? Il fallait que je rentre, c’était devenu impératif. A l’arrière une porte était mal fermée. Je me suis demandé depuis si …


    Je suis entré, et j’ai parcouru les pièces blanches de poussières et de toiles d’araignées. Je suis monté à l’étage, j’ai vu les trois chambres, le grenier.. Il y avait beaucoup à faire c’était certain, mais cela n’avait aucune importance.


    Pour presque la première fois de ma vie, je me sentais bien, avec le sentiment d’être là où je devais être. Puis, très vite, des images sont venues, se superposant à la réalité, mon imagination courant librement. J’imaginais des gens, une famille, en vêtements des années 1900, dans un décor fait de bibelots, de cuivres, de tableaux , illuminé par le soleil entrant par les fenêtres débarrassées de leur couche de crasse. Il y avait des enfants qui jouaient, et une jeune fille radieuse. Tout paraissait si réel … J’ai dû m’arracher à ma rêverie pour sortir, avec l’impression de laisser mon cœur derrière moi. Au dehors, même le soleil du mois d’août paraissait terne, il fallait que je retourne prendre mon train. Dans la maison la plus proche, ou plutôt dans son jardin, une femme allongée dans un transat m’a fait un sourire. Elle avait dû me voir entrer, et sa mine était espiègle.


    – La maison du bout du monde vous plait ?
    – Du bout du monde ?
    – On l’appelle comme cela à cause de son emplacement.
    – Elle a dû être belle ?
    – Sûrement, mais elle est abandonnée depuis si longtemps.. C’était la maison d’une famille respectée et aimée au début du siècle, et puis la grande guerre est passée ; le fiancé de la fille aînée a été tué dans les tranchées, et elle n’avait plus la volonté de résister à la grippe qui a suivi. Ce qui restait de famille s’est dispersé, et la maison est passée de mains en mains depuis tout ce temps, jusqu’à être vide maintenant. Entrez un moment, je vais vous montrer de vieilles photos, je suis une cousine éloignée de cette famille..

     

    J’ai acheté comme j’ai pu la maison, à un propriétaire trop heureux de s’en débarrasser, et avec mes maigres économies, j’ai fait quelques travaux de remise en état, le strict minimum, le reste je le fais moi même.


    Ca ne fait rien. Les visions gagnent en intensité de jour en jour, prennent de l’épaisseur, de la consistance. Hier la jeune fille m’a souri, et dans le miroir qui était suspendu au mur de cet autre monde, j’ai vu le reflet d’un homme qui me ressemblait.
    Je suis revenu chez moi, et bientôt je serai avec les miens.

    ……….

    – Entrez un moment, je vais vous montrer de vieilles photos, je suis une cousine éloignée de cette famille.
    J’ai regardé l’album jauni, ou plutôt je l’ai dévoré. Tous semblaient si heureux, et la maison était si belle. J’étais si absorbé que j’ai sursauté en entendant le bonjour énergique d’une jeune femme, la fille de mon hôtesse. Toutes deux se sont amusées de mon ébahissement en voyant une des photos prendre vie, car elle ressemble trait pour trait à sa lointaine parente, morte si tristement.

     

    Nous avons acheté ensemble la maison, avec le peu que nous avions, et notre habitat ressemble plus à du camping qu’autre chose, mais ça nous est égal, nous avons le temps, et nous sommes heureux.
    Je ne lui ai pas parlé des visions du premier jour, et celles-ci ne sont pas revenues. Pourtant je n’oublierai jamais le sourire que me fit cette lointaine parente de mon épouse, et mon reflet près d’elle dans un miroir qui n’existait que dans ce monde lointain.
    Nous sommes rentrés chez nous.

     

    source : http://amoureuxmots.eklablog.com/les-nouvelles-et-contes-c18229765


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    Myoan Eisai (1141-1215), fondateur de l'école Rinzaï.jpg

    Nobushige le samouraï se présenta devant le maître zen Hakuin et lui demanda :
    - Y a t-il réellement un paradis et un enfer ?
    - "Qui es tu ?" demanda le maître
    - Je suis un samouraï répondit le guerrier
    - "Toi, un soldat !" s'exclama Hakuin. "Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t'avoir à son service ? Tu as l'air d'un mendiant."

    La colère s'empara de Nobushige. Il saisit son sabre et le dégaina. 
    Hakuin poursuivit :
    - "Ah bon, tu as même un sabre !? Mais ton arme est sûrement trop émoussée pour me couper la tête."


    Hors de lui, le samouraï leva son sabre, prêt à frapper le maître. A ce moment celui-ci dit :
    - "Ici s'ouvrent les portes de l'enfer"


    Surpris par la tranquille assurance du moine, le samouraï rengaina et s'inclina.


    - "Ici s'ouvrent les portes du paradis.", lui dit alors le maître.

     

    Conte zen

    source : http://chercheursdeverites.e-monsite.com/blog/contes/


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    Trouvé sur planete

    *** MARCELLO, LE PETIT BERGER- conte de Julie River -

    Ce soir-là, au château, le Roi Marson et la reine dînaient aux chandelles. Les ménestrels jouaient un air de mandoline. On en était au dessert.

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    Soudain, la reine dit: «Les fêtes de Noël approchent, Sire».
    «Je sais», dit le roi. «Et je n’oublie pas que nous régnons déjà depuis 25 ans. C’est l’occasion de faire plaisir à nos sujets.»
    Certes, l’occasion était rêvée, mais encore fallait-il trouver une idée originale, digne d’un palais royal.
    Des idées, le roi n’en avait pas. Il n’en avait jamais et les propositions de la reine ne lui plaisaient guère. Quant aux ministres, ils se cassaient bien la tête, mais ne trouvaient rien d’extraordinaire. Fut alors appelé le seul vrai savant de la maison, maître Merlin. Il était un peu sorcier et débordait d’imagination.

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    «Moi, j’ai la solution à votre problème, sire!» Et, il montra un joli coffret précieux rempli de pièces d’or et une clé.
    «Alors?», fit le roi.
    «Alors! Voici une clé magique... Elle ne tourne dans la serrure que si celui qui l’a en main pense justement ce qu’il faut penser. Lui seul peut alors emporter le coffret et vivre riche.»
    «Mais, à quoi faut-il donc penser?» interrogea le roi.
    «Ah! ça c’est un secret que je ne puis dévoiler! C’est vos sujets qui doivent chercher!», répondit Maître Merlin.

     
     

     
     

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    Cette idée plut au roi et à sa dame. Aussitôt , un jeune troubadour parcourut la ville pour en informer les habitants.
    Un coffret précieux au palais? Une clé à secret? Emporter le contenu? Pour toujours? Une idée de maître Merlin?.....
    En ville, les gens ne parlaient plus que de cela. La boulangère oublia les pains dans le four. Ils avaient brûlé. Et le fermier, qui ne pensait plus qu’à gagner ce coffret, laissa la barrière ouverte, si bien que son cheval s’échappa…

    La veille de Noël, dès le matin, une longue file de chercheurs de bonheur attendait à la porte du palais. Le roi et la reine les regardaient discrètement d’une petite fenêtre. Ils s’amusaient beaucoup. Un garde surveillait le coffret pendant que maître Merlin, caché derrière une tenture, observait le déroulement des faits.
    A tour de rôle, les habitants de la région essayaient de faire tourner la clé.
    «Ah! Je vais me faire construire un château aussi grand que celui du roi» pensa l’aubergiste du village en agitant la clé dans la serrure.
    «Finie, la corvée du pain!» maugréa la boulangère en s’acharnant sur le coffret.
    «Moi, je vais ouvrir une banque… Je serai riche, car je vais prêter ce trésor avec de gros intérêts!» se dit un des ministres, en cherchant à forcer le couvercle.
    En vain! Au bout de la matinée, personne n’avait réussi. L’après-midi? Pas davantage.
    Oh! Il y avait bien un bandit de grands chemins qui crut voir son heure de gloire arrivée, quand la clé sembla tourner. Hélas! son rêve de devenir roi s’effondra, car le coffret ne s’ouvrit pas.
    Et le fermier qui pensait racheter un superbe cheval fut déçu lui aussi, tout comme le tisserand qui ne pensait qu’aux magnifiques brocards d’or qu’il pourrait acquérir avec tout ce trésor, et comme encore le médecin qui rêvait de devenir maître de la faculté de Paris… ou la paysanne qui pensait rivaliser avec les beaux atours de la reine...
    Le coffret gardait son secret et restait bel et bien fermé. Le roi et la reine commençaient à trouver le temps long…

    Mais voilà que Marcello, le petit berger, qui arrivait vers l’église du château pour la messe de minuit entendit parler aussi de cette nouvelle étonnante. Dans ses montagnes, l’annonce n’était pas venue jusqu’à lui. Le patron ne riait pas quand un mouton se perdait. Déjà qu’il recevait à peine de quoi aider sa pauvre famille…
    Marcello mit donc à son tour la clé dans la serrure. Il ne savait vraiment pas à quoi penser. Il avait tant de soucis, mais il se dit que si le coffret s’ouvrait, il l’offrirait de tout son cœur à ses pauvres parents…
    «C’est vrai», murmura-t-il… «Ils sont si bons, je leur apporterais nourriture et vêtements; je ferais soigner ma petite sœur malade; je permettrai à mes frères d’aller à l’école. Et sûrement qu’il resterait encore des pièces d’or pour les plus malheureux du village!»
    Comme il pensait à tout cela, le roi et la reine et tous les habitants du village n’en crurent pas leurs yeux. La clé venait de tourner!
    Le petit berger en pleura de joie. Maître Merlin quitta alors sa cachette et le félicitad’avoir pensé aux autres plutôt qu’à lui-même. 
    «Emporte ce coffret», lui dit-il, «et vis heureux maintenant avec tous ceux que tu aimes!» Le bonheur déjà illuminait son visage. Quand il s’agenouilla devant la crèche, ce soir-là, Marcello se sentit envahi par une immense paix et une grande joie. Il entendait Jésus lui murmurer dans le creux de l’oreille: «Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait... Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait»…

    D’après un conte de Julie River, Album "Bonjour Noël!", décembre 1985 ed. Averbode

     


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