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    Légendes d'ici et d'ailleurs

    La momie de l'église Saint Thomas.

    L’église Saint Thomas est l’une des nombreuses curiosités de Strasbourg. Les visiteurs peuvent y admirer le fameux mausolée du maréchal Maurice de Saxe mais le sacristain, guide de cette église, les invite aussi à descendre dans les caveaux.

    Là, au centre de la pièce, ils découvrent un cercueil de verre dans lequel repose le corps embaumé d’une jeune fille. Habillée de sa robe de mariée, elle porte encore ses bijoux. Sa tête repose entourée de fleurs d’oranger.
    La jeune fille est très bien conservée mais pourtant le spectacle est hideux. D’une maigreur effrayante, la défunte ébauche un sourire affreux. Ses yeux enfoncés dans leurs orbites et ses joues extrêmement creuses font ressortir son nez qui parait beaucoup plus long.

    Cette scène fait régulièrement fuir les curieux qui préfèrent sortir au lieu d’écouter le sacristain leur raconter l’histoire de la jeune et charmante comtesse de Nassau qui décéda au moment de son union avec un noble chevalier alsacien.


    Une ancienne légende raconte que la momie de l’église de Saint Thomas revient à la vie en hiver, lors des bals. Chaque année on peut l’apercevoir virevoltant au milieu des danseuses. Elle a coutume d’apparaitre au bal donné au profit des pauvres.
    La jeune comtesse fiancée, morte il y a de ça trois siècles, valse avec un entrain endiablé au bras d’un cavalier.
    Aucun doute c’est bien elle, sa robe blanche, ses bijoux ainsique sa maigreur squelettique, sa bouche grimaçante et ses yeux perdus dans leurs orbites en attestent.
    Echappée de son cercueil, elle danse, elle tourbillonne et offre son affreux sourire à qui la regarde.

    Trouvé sur le site

    source: http://mamykool.eklablog.com/contes-et-legendes-d-alsace-c23816383

     


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  • Trouvé sur le site http://mamykool.eklablog.com/

    Contes et légendes d'hiver

    Le pelage de l'hermine est, en été, brun foncé dessus et blanchâtre dessous. En hiver, l'animal,  adopte une livrée entièrement blanche à l'exception de l'extrémité de sa queue qui reste noire.

     

    L'hermine et l'hiver.

    Un jour d'hiver, alors que la forêt était recouverte d'un beau manteau blanc, l'hermine se promenait pendant que ses amis dormaient en attendant le retour du printemps.


    « Que vais-je bien pouvoir faire, se demanda-t-elle, je m'ennuie toute seule »
    Elle essaya bien de réveiller quelques-uns de ses amis : l'écureuil, le hérisson, mais elle n'y parvint pas.

    « Bon, se dit-elle, puisque tout le monde dort et même Hector, le grand ours, je vais en profiter pour le taquiner. » Elle s'approcha doucement du museau d'Hector et souffla très fort.

    Celui-ci, qui ne dormait que d'un œil, poussa un grognement de mécontentement si impressionnant que l'hermine devint blanche de peur et s'enfuit à toutes pattes.

    Cependant, en se promenant ainsi le poil tout blanc, elle s'aperçut qu'on ne la remarquait pas et pouvait facilement échapper au loup et au renard.

    C'est pourquoi maintenant l'hermine garde son manteau blanc l'hiver en se faisant peur toute seule.

     source : http://mamykool.eklablog.com/contes-et-legendes-d-hiver-a114301232


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  • Trouvé sur jeanlouismurat.zikforum.com/t1479-contes-d-auvergne

    De nombreux liens vers des contes d'Auvergne sur le site suivant :

    http://jeanlouismurat.zikforum.com/t1479-contes-d-auvergne#38202

     Très riche en anecdotes, en auteurs anonymes et collecteurs célèbres, avec des contes de tous les coins d'Auvergne reliés à l'Histoire, les époques, les traditions, je le recommande à ceux et celles qui aiment ces récits et la poésie, l'imaginaire qui s'en dégagent.

     


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  • Trouvé sur eprimaire.free.fr/contes/tradi/

    L'Oiseau de paradis


    Près d'Arlanc, dans le Puy-de-Dôme, il est un vieux couvent, le prieuré de Chaumont, qui a donné naissance à ce conte, que chacun peut interpréter à sa façon

    Père Anselme, un vieux prêtre du couvent de Chaumont, aimait beaucoup se promener dans le bois voisin, appelé le Bois-des-Pères. À l'ombre des grands arbres centenaires, il méditait, se souvenait, priait. La marche à pied aussi lui faisait du bien.


    Un jour, comme d'habitude, il sortit du couvent après avoir échangé quelques paroles avec frère Jérôme, le portier ordinaire.
    Il faisait beau, le père Anselme se perdit dans les bosquets, tranquille et heureux. Tout à coup, il entendit un chant d'oiseau, un chant si mélodieux qu'il s'arrêta, surpris. Il leva les yeux et aperçut un oiseau au plumage étincelant, d'une forme particulière, inconnue. L'oiseau continua ses trilles légers, le père les sentit pénétrer dans son coeur, l'emplir de douceur et de tendresse nouvelles.
    « Que c'est beau » murmura-t-il.


    Il pensait à la fois, et au chant, et à l'oiseau lui-même. Soudain, l'oiseau battit des ailes, s'envola. Le père Anselme ne put s'empêcher de le suivre, essayant de ne pas le perdre de vue.
    L'oiseau voletait de branche en branche sans s'arrêter de chanter. Les yeux levés, comme fasciné, le prêtre marchait toujours à sa suite. Plusieurs fois, il tendit les mains, tant l'oiseau était proche. Mais, au dernier instant, l'oiseau partait plus loin...


    L'enchantement se prolongea.
    À la fin, pourtant, le père Anselme fit un effort pour reprendre ses esprits : « C'est assez, se dit-il, je dois rentrer maintenant, ils vont s'inquiéter sans cela, voilà bien deux heures que je marche ».


    À regret, il abandonna l'oiseau et retrouva le chemin du couvent, tout imprégné encore de sa merveilleuse rencontre.


    Bientôt, il aperçut le prieuré ; arrivé à la porte, il tira la corde de la cloche. La cloche sonna, la porte s'ouvrit, la silhouette d'un moine inconnu apparut.
    - Tiens, dit le père Anselme surpris, frère Jérôme n'est plus là ?
    - Je ne connais pas le frère Jérôme, répondit le nouveau portier.


    Le père continua de le toiser, de plus en plus étonné par son aspect.
    - Pourquoi portez-vous ce costume ? demanda-t-il. Ce n'est pas celui de notre ordre.
    - Mais si, répliqua l'autre. Ma robe est bien celle portée par les moines Minimes...
    - Hé, hé... Attendez : nous sommes des Bénédictins, de l'ordre de saint Benoît de Cluny, et non pas des moines Minimes...
    - Quelle idée ! Le portier secoua la tête, aussi surpris que son interlocuteur.
    - Je suis pourtant bien au couvent de Chaumont ? fit le père Anselme.
    - Oui...


    Le prêtre se frotta les yeux, sentant son esprit égaré par quelque chose d'incompréhensible.
    - Appelez-moi le prieur, je vous prie. Jean de Chalençon m'expliquera ce mystère de nouveau portier et de nouveau costume...
    - Il n'y a pas de prieur au nom de Jean de Chalençon ici...
    - Comment ! cria le père. Allez donc voir, sa cellule est près de la mienne ! J'en suis sûr !
    - Je regrette.


    Le dialogue de sourds se prolongea. Le portier croyait avoir affaire à un fou, et le père Anselme était sur le point d'en devenir un, en vérité... Tous les deux élevaient le ton, leur tapage attira un autre prêtre, qui demanda :
    - Que se passe-t-il ? Je suis le Père supérieur du couvent...
    - Mais... mais... bégaya le père Anselme, et Jean de Chalençon alors ?

    Il raconta son histoire une nouvelle fois, il insista, il n'y comprenait rien ; tout à l'heure après le déjeuner, lui, le père Anselme, était sorti se promener dans le bois, et maintenant il revenait tranquillement comme d'habitude. Que se passait-il au couvent, pourquoi ces inconnus, pourquoi ces mystères ?
    En face de lui, le prêtre écoutait sans réaliser. En même temps, il réfléchissait, le nom de Jean de Chalençon lui rappelait quelque chose, oui...


    - Mon père, dit-il doucement, vous avez raison, j'ai entendu parler de Jean de Chalençon, il était bien le Supérieur de ce couvent... Seulement, il est mort voilà deux cents ans, à peu près.
    - Deux cents ans... murmura le père Anselme, suffoqué.


    Il se laissa tomber sur un banc, sans plus rien dire, les yeux exorbités.
    - Attendez, reprit le prieur. Il faut que je vérifie tout cela. Ne bougez pas, je reviens.
    Il partit en courant vers la bibliothèque du prieuré. Là, il parcourut de gros registres couverts de poussière, et finit par trouver ce qu'il cherchait. C'était bien ce qu'il pensait : le Père supérieur Jean de Chalençon était mort deux siècles auparavant...


    Tout à coup, le prêtre tressaillit : quelques lignes au-dessus de cette annonce de décès, la chronique du couvent racontait la disparition d'un certain père Anselme, qui était sorti un jour pour une promenade au bois, et n'en était jamais revenu.


    Le livre tomba des mains du prieur. Il s'élança vers l'entrée du couvent, tout effaré. Trop tard, il n'y trouva que le portier !
    - Où... où est le père Anselme ? demanda-t-il.
    L'autre haussa les épaules :
    - Il est parti.


    Sur l'ordre du prieur, tous les moines du couvent se lancèrent à la recherche du fugitif. Il fut impossible de le retrouver.
    Quelques-uns des moines racontèrent seulement, comme anecdote, qu'ils avaient entendu dans le bois, au loin, un chant d'oiseau, plus beau, leur sembla-t-il, que ceux qu'ils entendaient d'habitude.

     

    source : http://eprimaire.free.fr/contes/tradi/auv7.html


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  • trouvé sur contes et légendes Françaises

    De GEORGE SAND


    Autrefois, il y a bien longtemps, mes chers enfants, j'étais jeune et
    j'entendais souvent les gens se plaindre d'une importune petite vieille qui entrait par les fenêtres
    quand on l'avait chassée par les portes. Elle était si fine et si menue, qu'en eût dit qu'elle flottait
    au lieu de marcher, et mes parents la comparaient à une petite fée.
    Les domestiques la détestaient et la renvoyaient à coups de plumeau, mais on ne l'avait pas plus
    tôt délogée d'une place qu'elle reparaissait à une autre.
    Elle portait toujours une vilaine robe grise traînante et une sorte de voile pâle que le moindre vent
    faisait voltiger autour de sa tête ébouriffée en mèches jaunâtres.

    À force d’être persécutée, elle me faisait pitié et je la laissais volontiers se reposer dans mon petit
    jardin, bien qu'elle abîmât beaucoup mes fleurs. Je causais avec elle, mais sans en pouvoir tirer une
    parole qui eût le sens commun. Elle voulait toucher à tout, disant qu'elle ne faisait que du bien.
    On me reprochait de la tolérer, et, quand je l'avais laissée s'approcher de moi, on m'envoyait laver
    et changer, en me menaçant de me donner le nom qu'elle portait.

    C'était un vilain nom que je redoutais beaucoup. Elle était si malpropre qu'on prétendait qu'elle
    couchait dans les balayures des maisons et des rues, et, à cause de cela, on la nommait la fée Poussière.
    – Pourquoi donc êtes-vous si poudreuse ? lui dis-je un jour qu'elle voulait m'embrasser.
    – Tu es une sotte de me craindre, répondit-elle alors d'un ton railleur :
    tu m'appartiens, et tu me ressembles plus que tu ne penses. Mais tu es une enfant esclave de
    l'ignorance, et je perdrais mon temps à te le démontrer.

    – Voyons, repris-je, vous paraissez vouloir parler raison pour la première fois. Expliquez-moi vosparoles.
    – Je ne puis te parler ici, répondit–elle. J'en ai trop long à te dire, et, sitôt que je m'installe quelque part chez vous, on me balaye avec mépris ; mais, si tu veux savoir qui je suis, appelle-moi par trois fois cette nuit, aussitôt que tu seras endormie.

    Là-dessus, elle s'éloigna en poussant un grand éclat de rire, et il me sembla la voir se dissoudre et s'élever en grande traînée d'or, rougi par le soleil couchant. 

    Le même soir, j'étais dans mon lit et je pensais à elle en commençant à sommeiller.
    – J'ai rêvé tout cela, me disais-je, ou bien cette petite vieille est une vraie folle. Comment me serait-il possible de l'appeler en dormant ?
    Je m'endormis, et tout aussitôt je rêvai que je l'appelais. Je ne suis même pas sûre de n'avoir pas crié tout haut par trois fois : " Fée Poussière ! fée Poussière ! fée Poussière ! "

    À l'instant même, je fus transportée dans un immense jardin au milieu duquel s'élevait un palais enchanté, et sur le seuil de cette merveilleuse demeure, une dame resplendissante de jeunesse et de beauté m'attendait dans de magnifiques habits de fête.

    Je courus à elle et elle m'embrassa en me disant :
    – Eh bien, reconnais-tu, à présent, la fée Poussière ?
    – Non, pas du tout, madame, répondis-je, et je pense que vous vous moquez de moi.
    – Je ne me moque point, reprit-elle ; mais, comme tu ne saurais comprendre mes paroles,
    je vais te faire assister à un spectacle qui te paraîtra étrange et que je rendrai aussi court que
    possible. Suis-moi.

    Elle me conduisit dans le plus bel endroit de sa résidence. C'était un petit lac limpide qui ressemblait
    à un diamant vert enchâssé dans un anneau de fleurs, et où se jouaient des poissons de toutes les nuances de l'orange et de la cornaline, des carpes de Chine couleur d'ambre, des cygnes blancs et noirs, des sarcelles exotiques vêtues de pierreries, et, au fond de l'eau, des coquillages de nacre et de pourpre, des salamandres aux vives couleurs et aux panaches dentelés, enfin tout un monde de merveilles vivantes glissant et plongeant sur un lit de sable argenté, où poussaient des herbes fines, plus fleuries et plus jolies les unes que les autres. Autour de ce vaste bassin s'arrondissait sur plusieurs rangs une colonnade de porphyre à chapiteaux d'albâtre.

    L'entablement, fait des minéraux les plus précieux, disparaissait presque sous les clématites, les jasmins, les glycines, les bryones et les chèvrefeuilles où mille oiseaux faisaient leurs nids.
    Des buissons de roses de toutes nuances et de tous parfums se miraient dans l'eau, ainsi que le fût des colonnes et les belles statues de marbre de Paros placées sous les arcades.
    Au milieu du bassin jaillissait en mille fusées de diamants et de perles un jet d'eau qui retombait dans de colossales vasques de nacre.

    Le fond de l'amphithéâtre d'architecture s'ouvrait sur de riants parterres qu'ombrageaient des arbres géants couronnés de fleurs et de fruits, et dont les tiges enlacées de pampres formaient, au-delà de la colonnade de porphyre, une colonnade de verdure et de fleurs.

    La fée me fit asseoir avec elle au seuil d'une grotte d'où s'élançait une cascade mélodieuse et que tapissaient les beaux rubans des scolopendres et le velours des mousses fraîches diamantées de gouttes d'eau.
    – Tout ce que tu vois là, me dit-elle, est mon ouvrage.

    Tout cela est fait de poussière ; c'est en secouant ma robe dans les nuages que j'ai fourni tous les matériaux de ce paradis. Mon ami le feu les avait lancés dans les airs, les a repris pour les recuire, les cristalliser ou les agglomérer après que mon serviteur le vent les a eu promenés dans l'humidité et dans l'électricité des nues, et rabattus sur la terre ; ce grand plateau solidifié s'est revêtu alors de ma substance féconde et la pluie en a fait des sables et des engrais, après en avoir fait des granits, des porphyres, des marbres, des métaux et des roches de toute sorte.

    J'écoutais sans comprendre et je pensais que la fée continuait à me mystifier. Qu'elle eût pu faire de la terre avec de la poussière, passe encore ; mais qu'elle eût fait avec cela du marbre, des granits et d'autres minéraux, qu'en se secouant elle aurait fait tomber du ciel, je n'en croyais rien. Je n'osais pas lui donner un démenti, mais je me retournai involontairement vers elle pour voir si elle disait sérieusement une pareille absurdité.

    Quelle fut ma surprise de ne plus la trouver derrière moi ! mais j'entendis sa voix qui partait de dessous terre et qui m'appelait. En même temps, je m'enfonçai sous terre aussi, sans pouvoir m'en défendre, et je me trouvai dans un lieu terrible où tout était feu et flamme.

    On m'avait parlé de l'enfer, je crus que c'était cela. Des lueurs rouges, bleues, vertes, blanches, violettes, tantôt livides, tantôt éblouissantes, remplaçaient le jour, et, si le soleil pénétrait en cet endroit, les vapeurs qui s'exhalaient de la fournaise le rendaient tout à fait invisible.
    Des bruits formidables, des sifflements aigus, des explosions, des éclats de tonnerre remplissaient cette caverne de nuages noirs où je me sentais enfermée.

    Au milieu de tout cela, j'apercevais la petite fée Poussière qui avait repris sa face terreuse et son sordide vêtement incolore. Elle allait et venait, travaillant, poussant, tassant, brassant, versant je ne sais quels acides, se livrant en un mot à des opérations incompréhensibles.
    – N'aie pas peur, me cria-t-elle d'une voix qui dominait les bruits assourdissants de ce Tartare. Tu es ici dans mon laboratoire. Ne connais-tu pas la chimie ?
    – Je n'en sais pas un mot, m'écriai-je, et ne désire pas l'apprendre en un pareil endroit.
    – Tu as voulu savoir, il faut te résigner à regarder.
    Il est bien commode d'habiter la surface de la terre, de vivre avec les fleurs, les oiseaux et les animaux apprivoisés ; de se baigner dans les eaux tranquilles, de manger des fruits savoureux en marchant sur des tapis de gazon et de marguerites.
    Tu t'es imaginée que la vie humaine avait subsisté de tout temps ainsi, dans des conditions bénies. Il est temps de t'aviser du commencement des choses et de la puissance de la fée Poussière, ton aïeule, ta mère et ta nourrice.
    En parlant ainsi, la petite vieille me fit rouler avec elle au plus profond de l'abîme à travers les flammes dévorantes, les explosions effroyables, les âcres fumées noires, les métaux en fusion, les laves au vomissement hideux de toutes les terreurs de l'éruption volcanique.

    – Voici mes fourneaux, me dit-elle, c'est le sous-sol où s'élaborent mes provisions. Tu vois, il fait bon ici pour un esprit débarrassé de cette carapace qu'on appelle un corps. Tu as laissé le tien dans ton lit et ton esprit seul est avec moi. Donc, tu peux toucher et brasser la matière première.

    Tu ignores la chimie, tu ne sais pas encore de quoi cette matière est faite, ni par quelle opération mystérieuse ce qui apparaît ici sous l'aspect de corps solides provient d'un corps gazeux qui a lui dans l'espace comme une nébuleuse et qui plus tard a brillé comme un soleil.

    Tu es une enfant, je ne peux pas t'initier aux grands secrets de la création et il se passera encore du temps avant que tes professeurs les sachent eux-mêmes. Mais je peux te faire voir les produits de mon art culinaire. Tout est ici un peu confus pour toi. Remontons d'un étage. Prends l'échelle et suis-moi.

    Une échelle, dont je ne pouvais apercevoir ni la base ni le faîte, se présentait en effet devant nous. Je suivis la fée et me trouvai avec elle dans les ténèbres, mais je m'aperçus alors qu'elle était toute lumineuse et rayonnait comme un flambeau.

    Je vis donc des dépôts énormes d'une pâte rosée, des blocs d'un cristal blanchâtre et des lames immenses d'une matière vitreuse noire et brillante que la fée se mit à écraser sous ses doigts ; puis elle pila le cristal en petits morceaux et mêla le tout avec la pâte rose, qu'elle porta sur ce qu'il lui plaisait d'appeler un feu doux.
    – Quel plat faites-vous donc là ? lui demandai–je.
    – Un plat très nécessaire à ta pauvre petite existence, répondit-elle ; je fais du granit, c'est-à-dire qu'avec la poussière je fais la plus dure et la plus résistante des pierres. Il faut bien cela, pour enfermer le Cocyte et le Phlégéthon.

    Je fais aussi des mélanges variés des mêmes éléments. Voici ce qu'on t'a montré sous des noms barbares, les gneiss, les quartzites, les talcs schistes, les micas schistes, etc. De tout cela, qui provient de mes poussières, je ferai plus tard d'autres poussières avec des éléments nouveaux, et ce seront alors des ardoises, des sables et des grès. Je suis habile et patiente, je pulvérise sans cesse pour réagglomérer. La base de tout gâteau n'est-elle pas la farine ? Quant à présent, j'emprisonne mes fourneaux en leur ménageant toutefois quelques soupiraux nécessaires pour qu'ils ne fassent pas tout éclater. Nous irons voir plus haut ce qui se passe. Si tu es fatiguée, tu peux faire un somme, car il me faut un peu de temps pour cet ouvrage.


    Je perdis la notion du temps, et, quand la fée m'éveilla.
    – Tu as dormi, me dit-elle, un joli nombre de siècles !
    – Combien donc, madame la fée ?
    – Tu demanderas cela à tes professeurs, répondit–elle en ricanant ; reprenons l'échelle.

    Elle me fit monter plusieurs étages de divers dépôts, où je la vis manipuler des rouilles de métaux dont elle fit du calcaire, des marnes, des argiles, des ardoises, des jaspes ; et, comme je l'interrogeais sur l'origine des métaux :
    – Tu en veux savoir beaucoup, me dit-elle. Vos chercheurs peuvent expliquer beaucoup de phénomènes par l'eau et par le feu. Mais peuvent-ils savoir ce qui s'est passé entre terre et ciel quand toutes mes pouzzolanes, lancées par le vent de l'abîme, ont formé des nuées solides, que les nuages d'eau ont roulés dans leurs tourbillons d'orage, que la foudre a pénétrées de ses aimants mystérieux et que les vents supérieurs ont rabattues sur la surface terrestre en pluies torrentielles ? C'est là l'origine des premiers dépôts. Tu vas assister à leurs merveilleuses transformations.

    Nous montâmes plus haut et nous vîmes des craies, des marbres et des bancs de pierre calcaire, de quoi bâtir une ville aussi grande que le globe entier. Et, comme j'étais émerveillée de ce qu'elle pouvait produire par le sassement, l'agglomération, le métamorphisme et la cuisson, elle me dit :

    – Tout ceci n'est rien, et tu vas voir bien autre chose ! tu vas voir la vie déjà éclose au milieu de ces pierres.
    Elle s'approcha d'un bassin grand comme une mer, et, y plongeant le bras, elle en retira d'abord des plantes étranges, puis des animaux plus étranges encore, qui était encore à moitié plantes ; puis des êtres libres, indépendants les uns des autres, des coquillages vivants, puis enfin des poissons, qu'elle fit sauter en disant :

    – Voilà ce que dame Poussière sait produire quand elle se dépose au fond des eaux. Mais il y a mieux ; retourne-toi et regarde le rivage.
    Je me retournai : le calcaire et tous ses composés, mêlés à la silice et à l'argile, avaient formé à leur surface une fine poussière brune et grasse où poussaient des plantes chevelues fort singulières.
    – Voici la terre végétale, dit la fée, attends un peu, tu verras pousser des arbres.

    En effet, je vis une végétation arborescente s'élever rapidement et se peupler de reptiles et d'insectes, tandis que sur les rivages s'agitaient des êtres inconnus qui me causèrent une véritable terreur.
    – Ces animaux ne t'effrayeront pas sur la terre de l'avenir, dit la fée. Ils sont destinés à l'engraisser de leurs dépouilles. Il n'y a pas encore ici d'hommes pour les craindre.
    – Attendez ! m'écriai-je, voici un luxe de monstres qui me scandalise ! Voici votre terre qui appartient à ces dévorants qui vivent les uns des autres. Il vous fallait tous ces massacres et toutes ces stupidités pour nous faire un fumier ? Je comprends qu'ils ne soient pas bons à autre chose, mais je ne comprends pas une création si exubérante de formes animées, pour ne rien faire et ne rien laisser qui vaille.


    – L'engrais est quelque chose, si ce n'est pas tout, répondit la fée. Les conditions que celui-ci va créer seront propices à des êtres différents qui succéderont à ceux-ci.
    – Et qui disparaîtront à leur tour, je sais cela. Je sais que la création se perfectionnera jusqu'à l'homme, du moins on me l'a dit et je le crois. Mais je ne m'étais pas encore représenté cette prodigalité de vie et de destruction qui m'effraye et me répugne. Ces formes hideuses, ces amphibies gigantesques, ces crocodiles monstrueux, et toutes ces bêtes rampantes ou nageantes qui ne semblent vivre que pour se servir de leurs dents et dévorer les autres...


    Mon indignation divertit beaucoup la fée Poussière.
    – La matière est la matière, répondit-elle, elle est toujours logique dans ses opérations. L'esprit humain ne l'est pas et tu en es la preuve, toi qui te nourris de charmants oiseaux et d'une foule de créatures plus belles et plus intelligentes que celles-ci. Est-ce à moi de t'apprendre qu'il n'y a point de production possible sans destruction permanente, et veux-tu renverser l'ordre de la nature ?

    – Oui, je le voudrais, je voudrais que tout fût bien, dès le premier jour. Si la nature est une grande fée, elle pouvait bien se passer de tous ces essais abominables, et faire un monde où nous serions des anges, vivant par l'esprit, au sein d'une création immuable et toujours belle.

    – La grande fée Nature a de plus hautes visées, répondit dame Poussière. Elle ne prétend pas s'arrêter aux choses que tu connais. Elle travaille et invente toujours. Pour elle, qui ne connaît pas la suspension de la vie, le repos serait la mort. Si les choses ne changeaient pas, l'œuvre du roi des génies serait terminée et ce roi, qui est l'activité incessante et suprême, finirait avec son œuvre.

    Le monde où tu vis et où tu vas retourner tout à l'heure quand ta vision du passé se dissipera, – ce monde de l'homme que tu crois meilleur que celui des animaux anciens, ce monde dont tu n'es pourtant pas satisfait, puisque tu voudrais y vivre éternellement à l'état de pur esprit, cette pauvre planète encore enfant, est destinée à se transformer indéfiniment.

    L'avenir fera de vous tous et de vous toutes, faibles créatures humaines, des fées et des génies qui posséderont la science, la raison et la bonté ; vois ce que je te fais voir, et sache que ces premières ébauches de la vie résumée dans l'instinct sont plus près de toi que tu ne l'es de ce que sera, un jour, le règne de l'esprit sur la terre que tu habites.

    Les occupants de ce monde futur seront alors en droit de te mépriser aussi profondément que tu méprises aujourd'hui le monde des grands sauriens.


    – À la bonne heure, répondis-je, si tout ce que je vois du passé doit me faire aimer l'avenir, continuons à voir du nouveau.
    – Et surtout, reprit la fée, ne le méprisons pas trop, ce passé, afin de ne pas commettre l'ingratitude de mépriser le présent. Quand le grand esprit de la vie se sert des matériaux que je lui fournis, il fait des merveilles dès le premier jour. Regarde les yeux de ce prétendu monstre que vos savants ont nommé l'ichthyosaure.


    – Ils sont plus gros que ma tête et me font peur.
    – Ils sont très supérieurs aux tiens. Ils sont à la fois myopes et presbytes à volonté. Ils voient la proie à des distances considérables comme avec un télescope, et, quand elle est tout près, par un simple changement de fonction, ils la voient parfaitement à sa véritable distance sans avoir besoin de lunettes. À ce moment de la création, la nature n'a qu'un but : faire un animal pensant. Elle lui donne des organes merveilleusement appropriés à ses besoins. C'est un joli commencement : n'en es-tu pas frappée ? – Il en sera ainsi, et de mieux en mieux, de tous les êtres qui vont succéder à ceux-ci. Ceux qui te paraîtront pauvres, laids ou chétifs seront encore des prodiges d'adaptation au milieu où ils devront se manifester.


    – Et comme ceux-ci, ils ne songeront pourtant qu'à se nourrir ?
    – À quoi veux-tu qu'ils songent ? La terre n'éprouve pas le besoin d'être admirée. Le ciel subsistera aujourd'hui et toujours sans que les aspirations et les prières des créatures ajoutent rien à son éclat et à la majesté de ses lois. La fée de ta petite planète connaît la grande cause, n'en doute pas ; mais, si elle est chargée de faire un être qui pressente ou devine cette cause, elle est soumise à la loi du temps, cette chose dont vous ne pouvez pas vous rendre compte, parce que vous vivez trop peu pour en apprécier les opérations. Vous les croyez lentes, et elles sont d'une rapidité foudroyante. Je vais affranchir ton esprit de son infirmité et faire passer devant toi les résultats de siècles innombrables. Regarde et n'ergote plus. Mets à profit ma complaisance pour toi.


    Je sentis que la fée avait raison et je regardai, de tous mes yeux, la succession des aspects de la terre. Je vis naître et mourir des végétaux et des animaux de plus en plus ingénieux par l'instinct et de plus en plus agréables ou imposants par la forme. À mesure que le sol s'embellissait de productions plus ressemblantes à celles de nos jours, les habitants de ce grand jardin que de grands accidents transformaient sans cesse, me parurent moins avides pour eux-mêmes et plus soucieux de leur progéniture.

    Je les vis construire des demeures à l'usage de leur famille et montrer de l'attachement pour leur localité. Si bien que, de moment en moment, je voyais s'évanouir un monde et surgir un monde nouveau, comme les actes d'une féerie.


    – Repose-toi, me dit la fée, car tu viens de parcourir beaucoup de milliers de siècles, sans t'en douter, et monsieur l'homme va naître à son tour quand le règne de monsieur le singe sera accompli.

    Je me rendormis, écrasée de fatigue, et, quand je m'éveillai, je me trouvai au milieu d'un grand bal dans le palais de la fée, redevenue jeune, belle et parée.


    – Tu vois toutes ces belles choses et tout ce beau monde, me dit-elle. Eh bien, mon enfant, poussière que tout cela ! Ces parois de porphyre et de marbre, c'est de la poussière de molécules pétrie et cuite à point. Ces murailles de pierres taillées, c'est de la poussière de chaux ou de granit amenée à bien par les mêmes procédés. Ces lustres et ces cristaux, c'est du sable fin cuit par la main des hommes en imitation du travail de la nature. Ces porcelaines et ces faïences, c'est de la poudre de feldspath, le kaolin dont les Chinois nous ont fait trouver l'emploi. Ces diamants qui parent les danseuses, c'est de la poudre de charbon qui s'est cristallisée. Ces perles, c'est le phosphate de chaux que l'huître suinte dans sa coquille. L'or et tous les métaux n'ont pas d'autre origine que l'assemblage bien tassé, bien manipulé, bien fondu, bien chauffé et bien refroidi, de molécules infinitésimales. Ces beaux végétaux, ces roses couleur de chair, ces lis tachetés, ces gardénias qui embaument l'atmosphère, sont nés de la poussière que je leur ai préparée, et ces gens qui dansent et sourient au son des instruments, ces vivants par excellence qu'on appelle des personnes, eux aussi, ne t'en déplaise, sont nés de moi et retourneront à moi.


    Comme elle disait cela, la fête et le palais disparurent. Je me trouvai avec la fée dans un champ où il poussait du blé. Elle se baissa et ramassa une pierre où il y avait un coquillage incrusté.

    – Voilà, me dit-elle, à l'état fossile, un être que je t'ai montré vivant aux premiers âges de la vie. Qu'est-ce que c'est, à présent ? Du phosphate de chaux. On le réduit en poussière et on en fait de l'engrais pour les terres trop siliceuses. Tu vois, l'homme commence à s'aviser d'une chose, c'est que le seul maître à étudier, c'est la nature. 

    Elle écrasa sous ses doigts le fossile et en sema la poudre sur le sol cultivé, en disant :
    – Ceci rentre dans ma cuisine. Je sème la destruction pour faire pousser le germe. Il en est ainsi de toutes les poussières, qu'elles aient été plantes, animaux ou personnes. Elles sont la mort après avoir été la vie, et cela n'a rien de triste, puisqu'elles recommencent toujours, grâce à moi, à être la vie après avoir été la mort. Adieu. Je veux que tu gardes un souvenir de moi. Tu admires beaucoup ma robe de bal. En voici un petit morceau que tu examineras à loisir.


    Tout disparut, et, quand j'ouvris les yeux, je me retrouvai dans mon lit. Le soleil était levé et m'envoyait un beau rayon. Je regardai le bout d'étoffe que la fée m'avait mis dans la main. Ce n'était qu'un petit tas de fine poussière, mais mon esprit était encore sous le charme du rêve et il communiqua à mes sens le pouvoir de distinguer les moindres atomes de cette poussière.


    Je fus émerveillée ; il y avait de tout : de l'air, de l'eau, du soleil, de l'or, des diamants, de la cendre, du pollen de fleur, des coquillages, des perles, de la poussière d'ailes de papillon, du fil, de la cire, du fer, du bois, et beaucoup de cadavres microscopiques ;
    mais, au milieu de ce mélange de débris imperceptibles, je vis fermenter je ne sais quelle vie d'êtres insaisissables qui paraissaient chercher à se fixer quelque part pour éclore ou pour se transformer, et qui se fondirent en nuage d'or dans le rayon rose du soleil levant.

     

    Posté par Hanna Matadra à 14:00 - Commentaires [0] - Permalien [#]
     

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